vendredi 23 mars 2012

Eclairage pour les non-éclairés

Soutien aux sidérurgistes de Florange

Message de Denis Podalydès


Denis Podalydès est un acteur, metteur en scène et scénariste français, sociétaire de la Comédie-Française.
Nous sommes très nombreux à éprouver une grande peine pour les employés d'ArcelorMittal, à ressentir le sort qui leur est infligé comme une injustice profonde qui engage l'honneur de toute l'industrie française. Nous savons que se joue là une des phases les plus dramatiques de la crise en France. Nous voyons l'effet le plus néfaste du capitalisme néo-libéral qui règne sans partage, et comment l'autorité politique actuelle ne peut ou ne veut opposer à la situation qu'un fatalisme démoralisant.

La résistance courageuse des employés est devenue un symbole; elle donne un visage et une énergie à la gauche, à toutes les forces politiques et sociales qui veulent qu'en Europe et dans le monde, on puisse sortir de ce système économique mortifère. Tous ceux qui aujourd'hui ou à l'avenir connaissent ou connaîtront une pareille épreuve s'aideront de l'exemple de Florange.

Ce n'est peut-être qu'une maigre consolation, et il est facile aux artistes et aux gens de la société civile d'adresser comme des messages de condoléance. Ce n'est pas cela. C'est qu'à travers la situation difficile ou compromise est née dans une grande partie de l'opinion publique l'idée que c'en était trop, qu'on ne pouvait pas laisser faire ça. Florange, oui, est devenu un foyer de mobilisation, de prise de conscience, qui nous réveille enfin de l'anesthésie générale que des années de politique néo-libérale nous ont administrés, sous couvert de mondialisation inexorable.

Personnellement, je veux remercier les salariés d'ArcelorMittal pour l'exemple qu'ils donnent, pour leur force morale, capable de rendre l'espoir à tous ceux qui ne veulent plus subir la domination du néo- libéralisme.

Florange l'action ...

Journée d'action et de solidarité nationale à Florange...

Cette journée, organisée par la CGT, a été l'occasion pour des délégations ArcelorMittal de Dunkerque, de Fos-sur-Mer, de Schifflange, fermée mardi pour une durée "indéterminée", et de Liège, dont les hauts-fourneaux sont à l'arrêt depuis octobre 2011,de marquer leur solidarité avec notre lutte. C'était aussi l'occasion de marquer notre désaccord avec les propos de Sarkozy et de Mittal.
En intersyndicale, la CFDT et FO avaient proposé à la CGT de Florange, de s'associer, par leur présence. On notait également la présence de nombreux élus, locaux, départementaux et régionaux, venus ceints de leur écharpe tricolore. Ceux d'Europe Ecologie Les Verts, du PS, du NPA, du Front de Gauche, de Lutte Ouvrière...



Pour Pierre Laurent, secrétaire général du Parti communiste « La pérennité de la sidérurgie en Lorraine est une question d'intérêt national ».
Pour M. Besancenot, "de très nombreux salariés regardent Florange comme un foyer de résistance. Ces foyers vont se multiplier dans le pays", a-t-il prévenu.

Peu de temps avant le départ de la manifestation vers les grands bureaux de Mittal, l'ambiance a été quelque peu plombée par une minorité de militants CGT, essentiellement venus de Fos sur Mer. Ils s'en 
sont pris aux militants de la CFDT, les agressant verbalement, les bousculant... les équipes CFDT ont décidé de quitter le rassemblement. Nous n'étions pourtant pas venus pour "récupérer" le mouvement, seulement pour apporter notre soutien! C'est dommage, la journée aurait pu, aurait du, être une réussite et donner un coup à Mittal.

L'unité syndicale est une nécessité, mais c'est aussi un combat ! En fin de journée, beaucoup de militants CGT de Florange sont venus nous assurer que l'unité de notre intersyndicale n’était pas remise en cause.

Le meeting qui a eu lieu devant l'entrée des bureaux s'est terminé dans l'usine, face aux gardes mobiles qui étaient venus "protéger" les patrons. A noter qu'ils étaient équipés des mêmes bombes "liberticides" qu'à Paris et qu'ils avaient l'air joyeux de, peut-être, pouvoir casser du manifestant.

Marche vers Paris
Le 28 mars, les sidérurgistes entameront une marche sur Paris en espèrant arriver le 6 avril. Elle sera intersyndicale
Ci dessous, les villes traversées par la marche de solidarité à l'acier Lorrain :
  • Landres le 28 mars
  • Verdun le 29 mars
  • St Menehould le 30 mars
  • Chalons en Champagne le 31 mars
  • Epernay le 01 avril
  • Château Thierry le 02 avril
  • La FertéJouarre le 03 avril
  • Meaux le 04 avril
  • Bobigny le 05 avril
  • Arrivée au Champ de Mars le 06 avril
Avec un grand concert de soutien...

Un appel est lancé, à tous les ami(e)s, aux militant(e)s, syndicaux et/ou politiques qui sont sur le trajet pour qu'ils viennent nous apporter leur soutien pendant quelques kilomètres.
Des bus seront organisés au départ de Florange pour faire les derniers kilomètres avec les marcheurs et assister au concert.

mercredi 21 mars 2012

ArcelorMittal: "les quotas CO2 peuvent être retirés si cessation d'activités"

mercredi 21 mars 2012 à 19h03
(Belga) Le ministre wallon de l'Environnement, Philippe Henry (Ecolo), a tenu mercredi à nuancer les informations de l'Echo relatives aux quotas de CO2 octroyés au sidérurgiste ArcelorMittal, soulignant que ces droits d'émission .
Dans un communiqué, le ministre précise que la directive relative au système d'échange de quotas de CO2 en vigueur pour l'industrie européenne permet une révision a posteriori. "Des nouvelles règles interviennent en cas de 'cessation partielle' et de 'cessation opérationnelle'. Les allocations réelles de quotas seront donc déterminées sur base de l'activité qui sera observée sur ces sites. Ainsi, en cas de fermeture, l'allocation 2013-2020 est retirée", souligne le ministre écologiste. En revanche, "si l'activité reprend au cours de la période 2013-20, ces entreprises pourront bénéficier d'une allocation de quotas gratuits via la réserve européenne", ajoute-t-il. Le quotidien l'Echo annonçait mercredi matin qu'ArcelorMittal recevrait, sur base d'un arrêté du gouvernement wallon, environ 20% de l'enveloppe provisoire des quotas d'émission de gaz à effet de serre pour la période de 2013 à 2020. Selon le quotidien, la liste élaborée par le gouvernement montre que des sites à l'arrêt bénéficient encore de quotas. C'est le cas notamment des hauts-fourneaux B et 6 d'ArcelorMitall implantés à Seraing, que le groupe de l'acier a décidé de fermer définitivement et qui se voient pourtant attribuer plus de 2 millions de tonnes de CO2 par an par l'exécutif wallon, affirmait notamment l'Echo. (VIM) 

mardi 20 mars 2012

Luxembourg: ArcelorMittal ferme une nouvelle aciérie en Europe

ArcelorMittal a annoncé mardi une nouvelle fermeture d'aciérie "pour une durée indéterminée", à Schifflange au Luxembourg, la demande d'acier restant trop faible en Europe pour le géant de la sidérurgie, ce qui n'a fait qu'accentuer les craintes syndicales pour le site lorrain de Florange.
"En raison d'une faiblesse persistante dans le   de la construction en Europe de l'Ouest et du manque de tout signe d'une reprise rapide, ArcelorMittal propose de prolonger l'arrêt de son four à arc électrique et de sa coulée continue de Schifflange pour une durée indéterminée", a écrit le  sidérurgiste, à l'issue d'un comité d'entreprise. L'expression "pour une durée indéterminée" avait déjà été employée par le groupe pour l'arrêt de son aciérie électrique de Madrid en janvier. Les   voient derrière ces mots une hypocrisie du sidérurgiste pour ne pas parler de fermeture définitive.
Le syndicat luxembourgeois LCGB a ainsi dénoncé une "fermeture pure et simple" de l'usine luxembourgeoise.
"Le discours de la direction a changé, car avant on nous disait que la fermeture de Schifflange était temporaire et que la question de sa réouverture ferait l'objet d'un examen chaque trimestre", a déclaré à l'AFP le représentant du syndicat luxembourgeois OGBL, Jean-Claude Bernardini, alors que l'aciérie est à l'arrêt depuis octobre 2011.
Comme pour Madrid, le groupe explique que le marché de la construction en Europe reste détérioré et que "les niveaux de la demande d'acier dans ce secteur sont aujourd'hui d'environ 20% inférieurs aux niveaux de 2007". A cela s'ajoute "une surcapacité significative sur le marché".
En conséquence, les sites luxembourgeois de Schifflange et Rodange, autre site luxembourgeois où le laminoir va continuer de marcher au ralenti, ont subi "plus de 100 millions d'euros de pertes financières sur les trois dernières années d'activité".
L'arrêt à "durée indéterminée" de Schifflange va toucher, selon ArcelorMittal, "282 personnes" sur 626 employés.
"Il est prévu de réaffecter tous les employés concernés dans d'autres sites du groupe au Luxembourg (où ArcelorMittal a son siège social, ndlr) ou de les garder par le biais de la cellule de reclassement interne", indique la direction.
"Comme ArcelorMittal n'ose pas dire que c'est un arrêt définitif, il utilise des nouveaux termes, mais le résultat est le même puisque l'ensemble du personnel qui travaille dans cette aciérie est reclassé ailleurs", a affirmé Edouard Martin, délégué syndical CFDT.
L'un des syndicalistes à la   de la lutte pour la défense des hauts fourneaux de Florange, en veille depuis plusieurs mois, voit dans cette nouvelle fermeture un mauvais signe pour l'avenir du site lorrain.
"Ils ont fait la même chose à Liège (en Belgique, où l'arrêt définitif de deux hauts fourneaux a été annoncé en octobre, ndlr), en Espagne, maintenant le Luxembourg. Pourquoi ils feraient différemment à Florange? Il n'y a que le président de la République pour croire que ce n'est que provisoire", a déclaré le syndicaliste. Il parle de 6.000 emplois menacés en Europe, où ArcelorMittal fait actuellement tourner 16 de ses 25 hauts fourneaux.
Le sidérurgiste assure pourtant que la mise en veille de Florange reste temporaire et que les hauts fourneaux redémarreront dès que la demande en acier remontera. Son patron, Lakshmi Mittal, a promis à Nicolas Sarkozy début mars quelque 17 millions d'euros d'investissements sur le site.
Une nouvelle manifestation des métallos de Florange, à l'appel de la CGT, est prévue jeudi en Lorraine.

lundi 19 mars 2012

Hayange - Comprendre le projet ULCOS




Une fiche info pour comprendre le projet ULCOS porté en Lorraine par ArcelorMittal. 

ULCOS ("Ultra low carbon dioxide (CO2) steelmaking") est un ambitieux projet-pilote européen de captage-stockage de CO² produit par les haut-fourneaux.

Il est porté par un consortium de 48 entreprises et organisations de 15 pays européens coopérant pour réduire de manière drastique les émissions de dioxyde de carbone liées à la production d’acier.

En Lorraine, il concerne la production de gaz des haut-fourneau P3 et P6 d'Hayange situés sur le site d'ArcelorMittal.

Objectif : réduire de 50% les rejets de CO² dans l'atmosphère.

Cette implantation d'ULCOS en Lorraine, plusieurs fois évoquée depuis la fermeture de Gandrange semble toutefois remise en question depuis l'arrêt (toutefois annoncé comme temporaire) du P6 à Hayange (voir notre fiche info sur la situation de la sidérurgie Lorraine).

Or ULCOS n'est envisageable que si les hauts-fourneaux rejettent du gaz et donc s'ils sont rallumés par ArcelorMittal !

Autres conditions, un financement complet du projet (pas encore acquis), et l'identification de la zone de stockage en sous-sol qui n'est pas encore trouvée.

Qui sont les casseurs ? Qui sont les voyous ?


Quel était l'objectif de ce jeudi ? Depuis le début de la lutte de Florange, tous les politiques, candidats ou pas sont invités à venir débattre à Florange, avec les militants de l'intersyndicale. Certains sont venus, d'autres ont promis de venir et enfin, nous n'avons aucune nouvelle, quelque un(e)s font les sourd(e)s. Jusqu'à hier, le président-candidat fait partie de cette dernière catégorie.
Quand il a installé son siège de campagne rue de la Convention à Paris, il a déclaré que son bureau était ouvert à tous les français. Les salariés de Florange ont donc décidé de lui rendre une petite visite pour faire le point (pas le poing !) sur la situation de leur entreprise.
Cette visite était programmée depuis plusieurs jours, bien avant l'invitation pour lundi à l'Elysée. Les sidérurgistes ne sont pas des casseurs, ils avaient prévu d'organiser un pique-nique rue de la Convention pendant qu'une délégation rencontrerait le candidat. Tout cela devait (et se serait) passé dans une ambiance bon enfant. La police locale était au courant de nos intentions pacifiques. Le préfet de Moselle aussi. Même le préfet de police de Paris avait été prévenu par les responsables syndicaux... C'est dans cet état d'esprit que 4 bus de sidérurgistes sont partis hier matin de Florange pour Paris.
Que s'est-il passé ? : L'arrivée était prévue pour 11 h 30. A cette heure, Sarko était encore présent ainsi que quelques personnes de son staff de campagne. La police qui nous a pris en charge après  le dernier péage, au lieu de nous conduire rapidement au lieu de rendez-vous, comme elle sait si bien le faire pour les ministres, nous a ralenti sur l'autoroute et sur le périf. Et nous sommes arrivés 1/2 heure en retard. Sarko était parti et les autres avaient détalé comme des lapins avant notre arrivée. Ce sont les nombreux journalistes présents qui en ont témoigné.
L'accueil : A l'arrivé des bus, une nuée de journalistes et des forces de police qui mettent en place le barrage de la rue de la Convention. Tout se passe bien, pas de bousculade, pas d'énervement ! Le face à face avec les forces de l'ordre est rapide mais calme. Ils nous refusent l'accès au siège de campagne, quelques mètres plus loin. Les sidérurgistes poussent un peu, les flics aussi, sans aucune violence, les nombreux journalistes présents peuvent en témoigner. Juste un peu de bruit et des fumigènes...
Le gazage : Alors que la discussion s'engage entre les responsables syndicaux et ceux de la police, les gaz lacrymogènes sont utilisés et c'est rapidement la panique... et l'étonnement ! Pourquoi en arriver là alors qu'il n'y avait aucune agression ? Pourquoi ? La réponse nous est venue plus tard quand nous avons pris connaissance des déclarations du candidat-président. Pour lui, les 200 sidérurgistes présents étaient des casseurs, des voyous, qui étaient venus faire de la petite politique (sujet qu'il connait très bien !). Les vrais sidérurgistes sont ceux qui travaillent, c'est eux qu'il veut recevoir, c'est à eux qu'il dit "Faites moi confiance !". On dirait ce discours écrit par Mittal lui même...
La dernière fois que j'avais "expérimenté les gaz lacrymogènes, c'était en 1984 lors de la venue de Fabius à Nancy et à Caen en 1997 pour la dernière manif avant la fermeture de la SMN (société métallurgique de Normandie). Je peux témoigner que, quelque soit leur origine, qu'ils soient lorrains, parisiens, normands, de gauche ou de droite les gaz lacrymogènes font le même effet !
La tour Eiffel : Le deuxième objectif était la tour Eiffel, fabriquée avec de l'acier lorrain de Pompey. Nous avions obtenu l'autorisation de la direction du monument d'y accrocher une banderole. Y aurait-il eu une intervention au plus haut niveau, mais au dernier moment, cette même direction à refusé,  au motif que la tour est un monument historique... La vielle dame était, elle aussi, protégée par d'importantes forces de l'ordre !
Le retour : Comme à l'arrivée, nous avons bénéficié d'une "protection" policière sensée nous conduire rapidement hors des murs de Paris, tellement nous étions dangereux. Au premier péage, nous avons fait un petit cadeau d'adieu provisoire aux franciliens. Les barrières ont été levées et, pendant un bon quart d'heure, ils sont passés gratuitement. La patrouille nous a surveillés jusqu'au dernier péage avant Metz.
La suite : Aujourd'hui, repos pour tous. Lundi, l'intersyndicale se réunira mais ne répondra pas à l'invitation de Sarko. Mardi, le FC Metz joue un match de ligue 2 avec un maillot où il sera écrit : "Vive l'acier lorrain". A cette occasion 1000 places gratuites sont offertes aux sidérurgistes de Florange. Le 22, la CGT organise sa journée de solidarité nationale avec Florange. Pour la suite, reportez-vous au chroniques et à la presse locale... D'autres actions sont à l'étude. Un rapprochement ponctuel avec les salariés de l'hôpital d'Hayange n'est pas impossible.
Si les attaques de Sarko contre la CGT avaient pour but de briser l'intersyndicale, c'est raté ! Les liens entre militants des deux organisations s'en sont trouvés renforcés.

Arcelor Mittal: Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET dénonce l'action des syndicalistes