samedi 27 octobre 2012

ArcelorMittal Florange. 13h15 le dimanche. 21/10/2012

Hauts fourneaux de Florange : un actionnaire souhaite une cession à un repreneur


LE CERCLE. Les administrateurs de l'Établissement de Retraite additionnelle de la Fonction publique soutiennent le projet de cession des hauts fourneaux du site ArcelorMittal de Florange. Ils demandent à l'entreprise d'assurer le maintien en l’état du site et de sa capacité de production qui relève, pour eux, de la responsabilité de l’entreprise en attente de la réalisation effective de la cession.

La situation du site sidérurgique de Florange revient régulièrement au premier plan de l’actualité économique et sociale depuis 14 mois, c’est-à-dire depuis qu’ArcelorMittal a arrêté les hauts fourneaux du site. Pendant des mois, les salariés du site, les élus locaux, les habitants du territoire concerné sont restés dans l’attente d’une décision de la direction d’ArcelorMittal, celle-ci laissant entendre à plusieurs reprises qu’elle ne céderait pas les actifs industriels à un éventuel repreneur.
Lundi dernier, la direction d’ArcelorMittal a indiqué en Comité Central d’Entreprise sa décision de fermer les hauts fourneaux de Florange et a donné un délai de 60 jours au gouvernement pour trouver un éventuel repreneur.
Plusieurs administrateurs de l’Établissement de Retraite additionnelle de la Fonction publique (ERAFP) ont souhaité sortir de la réserve habituelle d’un investisseur institutionnel devant la situation créée à Florange par la direction d’ArcelorMittal. L’ERAFP se veut un investisseur de long terme 100 % socialement responsable. Sur les 13 milliards d'euros d'actifs financiers gérés par l'ERAFP, environ 20 % sont des actions d'entreprises cotées en bourse. Parmi ces actions, l'ERAFP détient des titres d'ArcelorMittal.
À ce titre, une majorité de ses administrateurs a pensé qu’elle avait le droit de dire, exceptionnellement, ce qu’elle pensait de la manière dont la direction d'ArcelorMittal gérait la situation de Florange.
Le refus jusqu’à présent exprimé par la direction d’ArcelorMittal de céder les hauts fourneaux dont elle a annoncé la fermeture (à l’image de ce qu’elle a fait à Liège, en Belgique voisine) ne me paraît pas conforme aux valeurs exprimées dans la Charte de l’ERAFP et ses lignes directrices pour l’engagement actionnarial.
Pourtant l’entreprise écrit sur son site web : "We are also committed to supporting long-term economic growth in the regions in which we work. One of the ways we do this is to provide opportunities for local businesses to supply our operations". Ce qui donne en français à peu près ceci :
"Nous sommes engagés à soutenir la croissance économique à long terme dans les régions dans lesquelles nous travaillons. Une des voies que nous utilisons pour ceci est de fournir des occasions pour des activités locales de fournir nos opérations".
Les administrateurs de l’ERAFP, fonds de pension public français, sont particulièrement sensibles au sort des salariés et des territoires frappés par des restructurations, surtout lorsque celles-ci ne sont pas conduites d’une manière qui préserve la possibilité de sauvegarder l’activité et les emplois sur un territoire ou de permettre une reconversion.
C'est ce qui les a amenés à rompre avec la discrétion habituelle d’un investisseur institutionnel et a donné lieu au communiqué ci-dessous, dont les mots ont été soigneusement pesés, et résultent d'un compromis entre toutes les parties membres du Conseil d’Administration et la tutelle de l’Établissement :
"Paris, le 2 octobre 2012 – L’Établissement de Retraite additionnelle de la Fonction publique (ERAFP) souhaite que l’option de la cession des fourneaux de Florange à un repreneur soit poursuivie. Investisseur de long terme, socialement responsable, l’ERAFP conduit une politique de placements qui prend en compte, de manière résolue et permanente, la recherche de l’intérêt général. Le Régime entend à la fois valoriser les activités, entreprises, collectivités publiques et États qui sont en conformité avec son référentiel de valeurs et peser pour en faire progresser la prise en compte. Ainsi, s’attache-t-il à accompagner sur le long terme les organismes dans lesquels il décide d’investir en exerçant ses responsabilités d’actionnaire ou de partie prenante, afin de promouvoir durablement en leur sein des pratiques conformes aux valeurs qu’il porte. L’ERAFP est actionnaire d’ArcelorMittal, à ce titre les récentes annonces concernant le site de Florange sont un sujet de préoccupation. Comme la plupart des investisseurs concernés, le Régime souhaite donc qu’une solution qui prenne en compte tous les intérêts en présence soit trouvée. Dans ces conditions, doit être activement poursuivie l’option de la cession à un repreneur pour que cet actif industriel, les emplois qui lui sont associés et l’activité bénéfique pour son territoire d’accueil soient préservés. En tant qu’investisseur de long terme, l’ERAFP considère qu’il est de la responsabilité de l’entreprise de préserver les intérêts à long terme des salariés, de leurs familles et du territoire où ils vivent en favorisant la reprise du site par un autre industriel. Le maintien en l’état du site et de sa capacité de production relève, lui aussi, de la responsabilité de l’entreprise en l’attente de la réalisation effective de la cession."
Cette initiative, rare en France, est en cohérence avec la Charte d’investissement responsable de l’ERAFP adoptée en 2006, et ses lignes directrices pour l’engagement actionnarial adoptées en mars 2012.
Pour les administrateurs, il s’est agi d’exprimer cette double cohérence tout en adressant un message à la direction d’ArcelorMittal, et à toutes les directions d’entreprises cotées qui se placeraient dans une situation similaire :
"Nous, actionnaires de long terme, soucieux d’intérêt général, et pas seulement d'intérêt particuliers, n’avons jamais souhaité des taux de retour sur investissement de l’ordre de 15 % l’an. Nous sommes attachés à la pérennité de l’entreprise, en attendons des résultats bénéficiaires réguliers, mais dans la limite où ceux-ci seraient bien obtenus par le management de l’entreprise en prenant en compte l’impact économique, social, environnemental de ses décisions. Il ne nous a pas semblé que cette triple préoccupation était au rendez-vous dans le cas de Florange et de la fermeture de ses hauts fourneaux. Ceci porte atteinte à la réputation de l’entreprise, soucieuse d’apparaître comme une entreprise socialement responsable. Plus largement, du fait de l’impact social et territorial porte atteinte aux intérêts des salariés concernés et de leurs concitoyens, ceci porte atteinte à la nécessaire cohésion sociale et territoriale qui, pour l’ERAFP, est une composante clé de la responsabilité de l’entreprise."  
En conséquence, les administrateurs ont exprimé très clairement leur souhait que les actifs industriels qu’ArcelorMittal veut fermer soient cédés à un repreneur et que, dans l’attente, la maintenance du site et la préservation de sa capacité de production soient assurées par ArcelorMittal jusqu’à la cession effective. 
Ils ont voulu indiquer qu’il arrive parfois qu'un actionnaire, surtout s'il est investisseur de long terme, et préoccupé de responsabilité sociale de l'entreprise, sorte de la discrétion qui convient à ses activités, pour exprimer, à un moment où la société est très sensibilisée, qu'il partage les préoccupations des salariés, des élus territoriaux, et plus largement des citoyens.
Rien que de très normal, même si une expression de ce type est exceptionnelle : l’ERAFP, fonds de pension public, est un simple outil au service de l'intérêt général, comme l'indique clairement la Charte adoptée par son 1er conseil d'administration.

vendredi 26 octobre 2012

Bernard Lavilliers à Florange avec les "On lâche rien" ...



Merci à Sylvain Dessi pour les photos et le travail accompli.

Commentaire d'Edouard Martin suite à la venue d'Arnaud Montebourg à Florange

ArcelorMittal : le risque sur la notation crédit pèse....


(Boursier.com) -- Le principal enjeu pour l'actionArcelorMittal, plus que la publication des résultats trimestriels prévue le 31 octobre prochain, est de savoir s'il y aura ou pas une augmentation de capital pour maintenir la dette en catégorie d'investissement, selon Crédit Suisse. L'analyste pense cependant que le groupe n'a pas actuellement de problèmes de liquidités et qu'un passage en catégorie spéculative n'aurait pas d'effets immédiats trop importants.
Cependant si l'aciériste tient à conserver sa notation actuelle, il lui faudra trouver au moins 5 milliards de dollars, selon l'analyste, voire 7,8 milliards de dollars du fait de la récente détérioration des projections. Quoi qu'il en soit, la situation pèse sur le parcours boursier du dossier, même si le courtier reste à "surperformance". Il vise un EBITDA de 1,22 milliard de dollars au 3èmee trimestre, contre 1,3 milliard de dollars au consensus.

ArcelorMittal : première rencontre ... le 25 octobre 2012

Après un premier rendez-vous manqué, Henri-Pierre Orsoni, directeur d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine depuis quinze jours, a fait, hier, un pas vers les militants. Photo Dominique STEINMETZ
C’est comme un couple, on commence par la phase de séduction », sourit Edouard Martin (CFDT). Ça ne veut pas dire que l’histoire finira bien… Après une première grosse incompréhension et une rencontre manquée mercredi ( lire RL d’hier), Henri-Pierre Orsoni, nouveau directeur général d ’ ArcelorMittal Atlantique et Lorraine, a finalement fait un pas vers les militants florangeois.
Tôt hier matin, devant le portier des Grands Bureaux, bloqué par l’intersyndicale, le nouveau patron est venu saluer les hommes, « sans rouler des mécaniques et sans ses "molosses". Il a compris que le contexte était tendu », apprécient les salariés. Henri-Pierre Orsoni a écouté les syndicalistes pendant plus d’une heure, avant de rejoindre le Salon à l’envers de Thionville.
Calmement, mais sans mâcher leurs mots, les Mittal lui ont rappelé leurs inquiétudes, analyses et désacco rds sur « le cas très particulier » de Florange. « Pour nous, l’avenir ce n’est pas l’arrêt des hauts fourneaux. On ne veut pas de casse industrielle et aujourd’hui, c’est encore possible », soulignent Jean Mangin comme Yves Fabbri (CGT). La filière liquide « oubliée » du discours, les hommes ne peuvent pas le digérer. Et les « réponses concrètes » attendues sur l’avenir du packaging comme les inquiétudes pour les sous-traitants – Gepor, au premier plan – attendront encore.
« Il est venu, c’est plutôt positif. Mais les propositions n’ont pas changé », relève Walter Broccoli (FO). Le directeur a assuré qu’il rencontrerait encore les syndicats dans les semaines à venir, « le dialogue se fera ». Pas suffisant pour rassurer les troupes. « On jugera aux actes », résume Frédéric Weber (CFDT). « C’est un charmeur, il va falloir se méfier », glisse encore un militant.
Le changement de style, en tout cas, est acté. Premier effet apaisant, dans la foulée du nouveau patron, cadres et chefs de services ont franchi la route. Loin du face à face chacun sur son trottoir, une discussion s’est, enfin, engagée.
Moins attendue, la visite, hier matin également, de Nicolas Dupont-Aignan à l’intersyndicale. Le candidat de Debout la Republique est venu faire le point de la situation accompagné du sénateur Jean-Louis Masson.
Lucie BOUVAREL. 


jeudi 25 octobre 2012

Arcelormittal: Discours d'ORSONI devant les sidérurgistes le 25 10 2012

Arcelormittal: Nicolas DUPONT-AIGNAN et J.L. MASSON à Florange le 25 10 2012

À Florange, l’avenir est dans l’automobile ...

Pas une fois, Henri-Pierre Orsoni, nouveau patron de la Sté ArcelorMittal Atlantique-Lorraine, n’a prononcé le mot de « fermeture ». Pour lui, la filière liquide fait déjà partie du passé. Place au nouveau projet.

Pour Henri-PIerre Orsoni, la question est : « Est-ce qu’on veut que Florange et AMAL soient une réussite ? Je suis convaincu qu’il faut sortir de cette crise par le haut. » Photo Gilles WIRTZ
Un nouveau projet pour Florange ? Pas seulement. Un nouveau projet pour toute la Sté ArcelorMittal Atlantique-Lorraine. Huit établissements, 8000 salariés, six millions de tonnes de produits livrés chaque année. Et désormais un seul homme à sa tête, Henri-Pierre Orsoni. Florange y compris.
Comment diriger un ensemble aussi gigantesque ?
Henri-Pierre ORSONI : « Cela a du sens. Je suis un homme de l’acier. J’ai fait toute ma carrière dans la sidérurgie. Voilà trois ans que je préside le Comité central d’entreprise et je connais bien Florange. Ma volonté est de réussir l’intégration des deux bassins Atlantique et Lorraine. »
Un an d’incertitude et de conflit, une usine coupée en deux avec l’annonce de l’arrêt de la filière liquide, des hommes meurtris… Comment remonter tout ça ?
« Je ne veux pas juger du passé. Ce qui s’est produit a été difficile à vivre pour tout le monde. Maintenant, il faut regarder devant, comprendre que nous sommes tous liés par une chaîne industrielle commune. Chaque établissement a besoin de l’autre. »
Quelles sont vos priorités ?
« J’en ai deux. Faire travailler les gens ensemble. Qu’ils apprennent à s’écouter mutuellement et échanger l’information. Pour cela, je veux créer des départements communs au niveau de l’ingénierie, de l’informatique, de la qualité ou la finance. Ce sont eux qui permettront d’accompagner le projet Atlantique et Lorraine. »
Une façon aussi de rationaliser les coûts ?
« Non. La productivité n’est pas le propos. Le propos, c’est de soutenir un projet industriel. Les équipe réparties sur différents sites doivent apprendre à travailler ensemble.»
Quelle est votre deuxième priorité ? Le projet industriel ?
«Travailler sur les filières de production. Attaquer les bons segments de marché qui se vendent. Développer pour chacun, une filière industrielle avec des baisses de coûts de production et de logistique, mais aussi travailler avec les commerciaux et la Recherche et Développement. »
C’était justement toute la force de Florange, l’accompagnement de sa clientèle automobile sur des aciers d’avant-garde.
« Les clients nous demandent ce qu’il nous arrive. Et nous cherchons à les rassurer, à assurer les dates de livraison. Ils ne remettent pas en cause la qualité des produits et services de Florange qui a toujours su faire. Florange est très bien placé pour l’automobile en Allemagne. L’Usibor à grande largeur est un segment porteur et Florange sera moteur dans ce projet. Notre ambition est de passer de 250 000 tonnes actuellement (avec Mouzon et Dudelange) à 500 000 tonnes d’ici 2015. Nous devons développer les produits du futur. L’avenir de Florange est dans l’automobile. Ça a été son point fort et ça doit le rester. ArcelorMittal en Europe détient une part de marché de 45%.»
Et le packaging ?
« Il fait partie des problèmes à régler. Je pense que nous devons être créatifs dans le statu quo. Le problème est d’être compétitif face à ThyssenKrupp. Il faut faire avec nos atouts et notre savoir-faire. »
Ne pas aller à la rencontre des syndicats, n’est-ce pas une erreur stratégique ?
« On n’est pas obligé de bloquer le site pour me voir. J’ai prévu, bien sûr, de rencontrer les représentants du personnel. Une de mes priorités est de rétablir un dialogue social dans de bonnes conditions. Mais je sais que ça prendra du temps.»
Propos recueillis par Lucie BOUVAREL et Laurence SCHMITT. 

Pascal Faure : « On a de l’espoir »

Chargé de trouver un repreneur pour les hauts fourneaux, Pascal Faure reste très prudent. Une centaine d’entreprises ont été contactées.
Trois semaines de recherche d’un repreneur. Où en sont vos investigations ?
Pascal FAURE, mandaté par le gouvernement : « Un préalable sur la méthode : dans ce processus qui concerne des entreprises cotées en Bourse, il y a toujours des accords de confidentialité qui sont passés, ce qui fait que je ne peux pas dévoiler de noms d’entreprise. Ces gens-là arrêteraient immédiatement toute procédure si on évoquait leur présence. On a vraiment mobilisé l’ensemble des moyens de l’Etat permettant une recherche élargie sur tous les continents, notamment le réseau de l’AFII, l’Agence française des investissements internationaux et les ambassades des principaux pays dans lesquels se trouvent des entreprises sidérurgiques. »
Combien avez-vous eu de contacts ?
« On a mis en place un processus méthodique très professionnel, qui respecte les règles des milieux d’affaires pour la recherche de repreneur. Les entreprises qui manifestent un intérêt signent un accord de confidentialité. Dès lors, des documents plus précis sont fournis. Si l’entreprise confirme son intérêt, elle rédige une lettre d’intention. Elle peut alors même voir le site. Aujourd’hui, on a fait une recherche très large, on a contacté une centaine d’entreprises dans plus d’une trentaine de pays, sur tous les continents. Dans la centaine, il y a un peu toutes les tailles. L’acier peut intéresser des entreprises lointaines, qui souhaitent trouver des débouchés en Europe. On a commencé à discuter. On saura fin novembre si des candidats vont au bout de la procédure. »
Le projet de cession inclut-il le train à chaud ?
« Non. Le projet inclut le périmètre des hauts fourneaux, de la cokerie et de l’agglomération, et de l’aciérie en aval. Les sidérurgistes connaissent leur sujet et sont bien conscients qu’il faudra investir pour relancer les hauts fourneaux, comme je l’avais dit dans mon rapport. C’est sûr que le périmètre de la filière chaude n’est pas le plus simple à vendre. Je ne peux pas préjuger des offres que les candidats feront, sachant que in fine, il s’agira d’un accord entre le vendeur, ArcelorMittal et l’éventuel repreneur. »
Bruxelles aurait demandé à l’Etat français s’il soutenait toujours le projet Ulcos de Florange. Qu’en est-il ? Est-ce un argument pour trouver un repreneur ?
« Absolument. L’Etat a confirmé son soutien à ce projet. En tout cas, l’Etat s’était engagé à le soutenir et ceci a été explicitement confirmé par le gouvernement et le ministre Arnaud Montebourg. Ulcos remonterait dans la sélection car d’autres projets européens n’ont pas été confirmés, mais je ne sais pas à quel rang il se situe ( NDLR : il serait en troisième position). Le meilleur argument pour trouver un repreneur, c’est le fait d’avoir un outil industriel qui a des clients. Cela dit, on a de l’espoir sinon nous ne serions pas engagés et mobilisés comme nous le sommes. J’ai vu beaucoup de sidérurgistes. Très honnêtement, tout est possible. »