dimanche 13 janvier 2013

Les Mittal perturbent le trafic SNCF en Lorraine

« Guerre de tranchées », hier, à la gare d’Ebange, entre des militants de l’usine sidérurgique et les policiers venus les déloger des voies SNCF. Toujours sans nouvelles de l’Elysée, les Mittal ont perturbé, cette fois, le trafic voyageurs.

Un TGV arrêté sur les voies d’Ebange : les Mittal ont expliqué leur combat au conducteur  avant de finalement le laisser poursuivre son chemin, salués par certains voyageurs.  Photo RL
Un TGV arrêté sur les voies d’Ebange : les Mittal ont expliqué leur combat au conducteur avant de finalement le laisser poursuivre son chemin, salués par certains voyageurs. Photo RL

Comme réponse à nos questions, on nous envoie la police ! », constate, amer, Édouard Martin. Hier midi, le leader CFDT d’ ArcelorMittal Florange a reçu un appel de la directrice de cabinet du préfet de région. « Naïvement, je pensais que Nathalie Basnier allait nous fixer un rendez-vous… », fulmine-t-il depuis la gare de triage d’Ebange. Toujours sans nouvelles de l’Élysée alors qu’ils demandent une réunion tripartite direction-Etat-syndicats sur l’avenir du site industriel, les militants bloquent, depuis jeudi, tous les wagons de matières premières et de produits de l’usine sidérurgique. Hier, ils ont décidé d’envahir les voies SNCF.
• 2 500 voyageurs concernés : « Il y a peut-être 250 à 300 personnes dans ce train mais ici, il y a 3 000 salariés qui ont peur pour leur emploi », proteste Maurice Nicotra, syndicaliste CFDT de Gepor, une filiale d ’ArcelorMittal , alors qu’un premier convoi de voyageurs se présente à l’heure du déjeuner.
En aparté, le cadre d’astreinte de la SNCF analyse la situation : « Plusieurs milliers d’usagers vont être pris en otage. Une heure et demie de blocage et derrière, c’est une journée de régulation », soupire-t-il, tout en entendant la cause des métallos. Le professionnel n’est pas loin du compte. « Depuis 11h14, quinze trains, essentiellement des TER, ont vu leur trajet perturbé ou sont restés à quai à Metz, Thionville, Luxembourg et Hagondange. Pour continuer notre mission de service public, on a donc mobilisé des autobus avec l’aide de nos partenaires. Le train international Luxembourg-Bâle accuse néanmoins 72 minutes de retard », détaille Denis Lorrain, le responsable communication de la SNCF pour la Lorraine. « Sans compter les trains de marchandises ! Ebange est un axe majeur du fret », précise-t-il à 15h, alors que le blocus vient d’être levé. Sauf pour les trains Arcelor.
• Du soutien au long cours : entre-temps, les militants ont eu la visite d’habitants du secteur. Comme Chantal, venue les réconforter avec du café. « C’est normal de les soutenir dans leur lutte. Je les comprends, mon grand-père a travaillé toute sa vie dans les hauts fourneaux de Patural avant de mourir de l’amiante », glisse la sexagénaire résidant à Terville. Se sentant concerné lui aussi, Didier apprécie de discuter avec ces combattants autour du feu. « J’ai lu leur appel dans le journal (lire RL d’hier). Leur combat est le premier à mener parmi tant d’autres. Celui qui a obtenu une promesse électorale », n’oublie pas ce commerçant de Thionville. Les bras chargés de galettes des rois, Philippe Tarillon s’est également arrêté à Ebange. « Je vais transmettre leurs revendications. Il faut les écouter ! », assure le maire PS de Florange, toujours sans réponse de la lettre qu’il a remise en main propre au Premier ministre. Etonné aussi qu’« on n’entende plus parler de la dette fiscale de Mittal ».
• « On continuera jusqu’au bout, même sous les coups de matraque ! » Édouard Martin et les siens jouent franc-jeu avec le commissaire Hertert, arrivé de Thionville, accompagné d’une trentaine de policiers et gendarmes. Au final, la menace de couper les câbles électriques ne sera pas mise à exécution et les forces de l’ordre ne chargeront pas les militants. Tous libéreront les rails de bonne grâce, mais en restant vigilants. « Si on n’a pas rapidement des nouvelles du préfet, on augmentera les actions , promet Antoine Terrak. On a été trop gentil jusqu’à présent. »
Virginie DEDOLA .

http://www.republicain-lorrain.fr/

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