lundi 19 mars 2012

Qui sont les casseurs ? Qui sont les voyous ?


Quel était l'objectif de ce jeudi ? Depuis le début de la lutte de Florange, tous les politiques, candidats ou pas sont invités à venir débattre à Florange, avec les militants de l'intersyndicale. Certains sont venus, d'autres ont promis de venir et enfin, nous n'avons aucune nouvelle, quelque un(e)s font les sourd(e)s. Jusqu'à hier, le président-candidat fait partie de cette dernière catégorie.
Quand il a installé son siège de campagne rue de la Convention à Paris, il a déclaré que son bureau était ouvert à tous les français. Les salariés de Florange ont donc décidé de lui rendre une petite visite pour faire le point (pas le poing !) sur la situation de leur entreprise.
Cette visite était programmée depuis plusieurs jours, bien avant l'invitation pour lundi à l'Elysée. Les sidérurgistes ne sont pas des casseurs, ils avaient prévu d'organiser un pique-nique rue de la Convention pendant qu'une délégation rencontrerait le candidat. Tout cela devait (et se serait) passé dans une ambiance bon enfant. La police locale était au courant de nos intentions pacifiques. Le préfet de Moselle aussi. Même le préfet de police de Paris avait été prévenu par les responsables syndicaux... C'est dans cet état d'esprit que 4 bus de sidérurgistes sont partis hier matin de Florange pour Paris.
Que s'est-il passé ? : L'arrivée était prévue pour 11 h 30. A cette heure, Sarko était encore présent ainsi que quelques personnes de son staff de campagne. La police qui nous a pris en charge après  le dernier péage, au lieu de nous conduire rapidement au lieu de rendez-vous, comme elle sait si bien le faire pour les ministres, nous a ralenti sur l'autoroute et sur le périf. Et nous sommes arrivés 1/2 heure en retard. Sarko était parti et les autres avaient détalé comme des lapins avant notre arrivée. Ce sont les nombreux journalistes présents qui en ont témoigné.
L'accueil : A l'arrivé des bus, une nuée de journalistes et des forces de police qui mettent en place le barrage de la rue de la Convention. Tout se passe bien, pas de bousculade, pas d'énervement ! Le face à face avec les forces de l'ordre est rapide mais calme. Ils nous refusent l'accès au siège de campagne, quelques mètres plus loin. Les sidérurgistes poussent un peu, les flics aussi, sans aucune violence, les nombreux journalistes présents peuvent en témoigner. Juste un peu de bruit et des fumigènes...
Le gazage : Alors que la discussion s'engage entre les responsables syndicaux et ceux de la police, les gaz lacrymogènes sont utilisés et c'est rapidement la panique... et l'étonnement ! Pourquoi en arriver là alors qu'il n'y avait aucune agression ? Pourquoi ? La réponse nous est venue plus tard quand nous avons pris connaissance des déclarations du candidat-président. Pour lui, les 200 sidérurgistes présents étaient des casseurs, des voyous, qui étaient venus faire de la petite politique (sujet qu'il connait très bien !). Les vrais sidérurgistes sont ceux qui travaillent, c'est eux qu'il veut recevoir, c'est à eux qu'il dit "Faites moi confiance !". On dirait ce discours écrit par Mittal lui même...
La dernière fois que j'avais "expérimenté les gaz lacrymogènes, c'était en 1984 lors de la venue de Fabius à Nancy et à Caen en 1997 pour la dernière manif avant la fermeture de la SMN (société métallurgique de Normandie). Je peux témoigner que, quelque soit leur origine, qu'ils soient lorrains, parisiens, normands, de gauche ou de droite les gaz lacrymogènes font le même effet !
La tour Eiffel : Le deuxième objectif était la tour Eiffel, fabriquée avec de l'acier lorrain de Pompey. Nous avions obtenu l'autorisation de la direction du monument d'y accrocher une banderole. Y aurait-il eu une intervention au plus haut niveau, mais au dernier moment, cette même direction à refusé,  au motif que la tour est un monument historique... La vielle dame était, elle aussi, protégée par d'importantes forces de l'ordre !
Le retour : Comme à l'arrivée, nous avons bénéficié d'une "protection" policière sensée nous conduire rapidement hors des murs de Paris, tellement nous étions dangereux. Au premier péage, nous avons fait un petit cadeau d'adieu provisoire aux franciliens. Les barrières ont été levées et, pendant un bon quart d'heure, ils sont passés gratuitement. La patrouille nous a surveillés jusqu'au dernier péage avant Metz.
La suite : Aujourd'hui, repos pour tous. Lundi, l'intersyndicale se réunira mais ne répondra pas à l'invitation de Sarko. Mardi, le FC Metz joue un match de ligue 2 avec un maillot où il sera écrit : "Vive l'acier lorrain". A cette occasion 1000 places gratuites sont offertes aux sidérurgistes de Florange. Le 22, la CGT organise sa journée de solidarité nationale avec Florange. Pour la suite, reportez-vous au chroniques et à la presse locale... D'autres actions sont à l'étude. Un rapprochement ponctuel avec les salariés de l'hôpital d'Hayange n'est pas impossible.
Si les attaques de Sarko contre la CGT avaient pour but de briser l'intersyndicale, c'est raté ! Les liens entre militants des deux organisations s'en sont trouvés renforcés.

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