vendredi 11 mai 2012

Le PDG d’ArcelorMittal pour un programme « acheter européen »

Lakshmi Mittal, le PDG d’Arcelor Mittal, se prononce en faveur d’un programme « Buy European », sur le modèle du « Buy American Act », pour stimuler l’économie européenne.
« Nous avons besoin d’encourager plus d’achats de produits européens » affirme l’homme d’affaires indien, dans une interview au Financial Times, « à la fois pour stimuler la demande et s’assurer que l’industrie européenne en bénéficie plutôt cela ne conduise à une augmentation des importations« . « Si nous (en Europe) ne faisons rien, il sera très difficile de relancer la croissance économique et de créer des emplois ».  » Si nous ne voyons pas de croissance (en Europe), ajoute-t-il, c’est un signe que les mesures d’austérité ne marchent pas« .
Pour mémoire,  la proposition d’un « Buy European Act« , autrement dit une législation donnant la préférence aux entreprises produisant en Europe pour les contrats publics, a été reprise par Nicolas Sarkozy au cours de la campagne pour l’élection présidentielle et a été défendue, dès 1993, par Elisabeth Guigou, alors ministre socialiste chargé des Affaires européennes.
Le groupe sidérurgique ArcelorMittal a mis en veille depuis des mois plusieurs hauts fourneaux européens dont ceux de Florange en Lorraine.

jeudi 10 mai 2012

Florange : «On a affaire à un prédateur»

Le sort des hauts fourneaux d'ArcelorMittal de Florange, à l’arrêt depuis octobre 2011, doit se décider cet été, d’après la direction. Edouard Martin, leader CFDT emblématique de la lutte pour la survie de l'usine, ne se fait guère d’illusions sur ce qui attend les employés du site.

(Photo Jean-Christophe Verhaegen. AFP)

ArcelorMittal a publié aujourd’hui ses résultats pour le premier trimestre 2012. Et fait état de son optimisme sur ses performances économiques de l’année en cours. Cela pourrait-il relancer l’activité ?
Je n’ai même pas regardé les résultats trimestriels d’ArcelorMittal. Je suis fatigué de devoir commenter l’actualité, le moindre rebondissement, avec des journalistes. C’est la même rengaine depuis l'été dernier. Nous, on sait que Mittal ne changera rien. Mais s’ils essaient de fermer le site, on ne le laissera pas faire. Nous nous battrons. Quelque chose doit changer. Nous devons les faire plier. La peur doit changer de camp.
Lors d’une visite à Florange en février, François Hollande avait promis le dépôt d’une loi qui obligera les entreprises industrielles à céder un site dont elles veulent se séparer à un repreneur...
On jugera aux actes. C’est ce qu’on attend. François Hollande nous avait effectivement fait cette promesse. En attendant, la loi n’est toujours pas là, et elle ne va pas être votée tout de suite. Nous, on ne compte pas là-dessus. Mittal se croit intouchable. Ce qu’il fait n’est pas illégal, mais il nous a déjà tellement trompés, tellement menti...
Le 1er mars, Nicolas Sarkozy avait annoncé le déblocage d’une aide de 16 millions d’euros. Avez-vous vu des retombées ?
On nous demande toujours de réagir sur des propos d’hommes politiques qui ne changent rien à notre situation. Les 16 millions d’euros en question doivent être investis dans l’aval, et non pas dans l’amont, c’est-à-dire dans les aciéries. Il s’agit, entre autres, de remplacer un gazomètre, un appareil qui sert à stocker les gaz, qui était trop vieux et qu’il faut changer. Ce sont des réparations uniquement, et qui, en plus, ne doivent pas voir le jour avant l’horizon 2013 !
Qu’en est-il du projet Ulcos, porté par ArcelorMittal et financé en partie par l’Union européenne ? Il consiste à capter le CO² émis par les usines et à l’enterrer, ce qui ferait de Florange la première usine d’acier propre au monde et pourrait la relancer...
Pour le projet Ulcos, il faut demander à Barroso ! Toute l’affaire est entre les mains de la Commission européenne qui a pas mal tergiversé, retardé sa décision. On nous dit que cela sera prêt pour novembre, mais il y a déjà eu tellement de retournements qu’on ne peut même plus s’y fier. Jean-Claude Junker, qui est aussi le président de l’eurogroupe, est intervenu. ArcelorMittal a promis d’investir 200 millions d’euros au Luxembourg. Mais 50 millions d’euros sont directement fournis par l’Etat luxembourgeois. En plus, ArcelorMittal a suspendu sa promesse à une condition, toujours la même : «Si le marché le permet». En attendant, l’Etat luxembourgeois, lui, doit déjà avancer les 50 millions.
L'élection d'un nouveau président en France vous permet-elle d’envisager l’avenir autrement ?
Evidemment, avec Nicolas Sarkozy, ils auraient eu une autoroute pour licencier. Avec l’arrivée d’un président socialiste à l’Elysée, la donne va peut-être changer mais pour le moment, nous ne savons rien. La direction reste ancrée sur ses positions. Elle décidera du sort de Florange avant l'été, et puis c’est tout. Ils ne connaissent pas le dialogue social, ils ne connaissent pas la négociation. Ils nous disent, en substance, que nous n’avons qu'à nous plier à leur règle, que leur stratégie leur appartient et que nous, nous n’avons qu'à obéir.
Où en sont les négociations ?
Nous avons été très choqués par les propos de Lakshmi Mittal. On a affaire à quelqu’un qui ne sait même pas comment ça s'écrit, «social». Je suis fatigué de devoir commenter les propos et les agissements d’un bandit. Il est capable de dire blanc, puis de dire noir trois heures après. On a affaire à un prédateur. C’est un menteur, lui et son fils. Il a fait la même chose à Liège, en Belgique, mais aussi en Espagne et au Luxembourg. On connaît la technique. Chaque fois, c’est la même chose. Il annonce une fermeture d’usine, soi-disant à titre provisoire. Les choses traînent en longueur, et puis, d’un seul coup, le provisoire devient permanent. Et d’une fermeture temporaire d’une usine, on s’achemine vers la fermeture définitive et les licenciements.
L’annonce que le sort de l’usine sera décidé d’ici l'été ne vous rassure pas ?
C’est l’habitude de ce groupe, d’annoncer qu’il va décider du sort d’une usine à l'été, sachant très bien que la mobilisation sera moindre. L’usine, qui fonctionne déjà au ralenti, va encore ralentir son rythme. Cet été, les ouvriers seront en vacances. Après deux mois de flottement, à la rentrée, comment mobiliser ? Rien n’est laissé au hasard. Tout est finement calculé. C’est pourquoi l’annonce que le sort de Florange doit être réglé avant l'été, loin de nous rassurer, nous inquiète encore plus. Et moi, je m’attends à passer encore de très mauvais moments avant ce moment-là. La direction a pris des renseignements sur moi. Je sais qu’ils vont essayer de me faire sauter, de me virer. Dès que les choses se seront tassées, ils essaieront de me virer. Ce n’est pas parce qu’il y a changement de gouvernement que ma confiance en Mittal va remonter. Je n’ai plus du tout confiance en Mittal, lui et son fils. Ma confiance est largement tombée en-dessous de zéro. Nous ne pouvons pas parler avec ces gens-là.
Qu'allez-vous faire ?
Nous allons interpeller le gouvernement. Nous avons déjà envoyé une lettre avec l’intersyndicale, hier. Si François Hollande tarde à nous répondre, nous monterons à Paris manifester. On lui avait promis qu’on le ferait, de toute façon. On l’a déjà fait.

ArcelorMittal anticipe un bénéfice en hausse au 2e trimestre

ArcelorMittal, premier sidérurgiste mondial, a dit jeudi anticiper un bénéfice en hausse au deuxième trimestre, les ventes solides aux Etats-Unis compensant la demande anémique en Europe.
Le groupe basé à Luxembourg précise que la demande a crû en Amérique du Nord dans les secteurs de l'automobile, du BTP et de l'électroménager.
"L'Europe demeure notre principal défi et, au cours du premier trimestre, nous avons annoncé la mise à l'arrêt prolongé de plusieurs usines dans la ligne de notre stratégie, qui consiste à répondre à la demande depuis nos sites compétitifs", a déclaré le directeur général du groupe, Lakshmi Mittal, cité dans un communiqué.
ArcelorMittal s'attend à ce que la demande en acier en Amérique du Nord progresse de 6,5% à 7% cette année, contre un déclin attendu de 1% à 2% en Europe - où il fait tourner au ralenti sept de ses 25 hauts-fourneaux - alors que certains pays européens sont retombés en récession.
"Mais pour l'heure, nous ne voyons pas un environnement de crise survenir. Les risques sont réduits par rapport à novembre", a noté lors d'une conférence le directeur financier Aditya Mittal.
Le groupe prévoit que la demande mondiale d'acier progresse cette année entre 4% et 4,5% après une hausse de 6,3% en 2011.
Les prévisions d'ArceloMittal sont en ligne avec celles de ses principaux concurrents, comme POSCO et Nippon Steel.
Les producteurs d'acier bénéficient de la forte demande des groupes de forage pétrolier et gazier et des constructeurs automobile, la construction restant le maillon manquant.
ArcelorMittal a souligné que ses résultats du deuxième trimestre devraient être supérieurs à ceux du premier malgré une stabilité attendue sur ses expéditions d'acier. Tous les segments devraient connaître une amélioration de leur rentabilité grâce notamment à une hausse des prix de l'acier et à une baisse des coûts des matières premières. ArcelorMittal prévoit aussi une hausse des expéditions provenant de ses propres mines.
Le titre ArcelorMittal, coté à la fois à la Bourse de Paris et à celle de Luxembourg, progressait à 12h27 GMT de 2,70% à 12,74 euros alors que l'indice STOXX600 panaeuropéen du secteur affichait une progression moindre de 0,89%.
"Il n'y a rien de nouveau, mais cela a permis de rassurer un marché qui était suspicieux. Les résultats conformes aux attentes et un certain sentiment macroéconomique positif ont envoyé un signal haussier aux actions", a estimé Ingo Schachel chre Commerzbank.
EXPANSION DANS LE SECTEUR MINIER
Le groupe a réaffirmé son objectif d'un résultat brut d'exploitation (Ebitda) en hausse sur les six premiers mois de l'année par rapport au second semestre 2011, lorsqu'il était de 4,1 milliards de dollars (3,17 milliards d'euros).
Au premier trimestre, l'Ebitda ressort à 1,97 milliard de dollars, nettement supérieur au consensus Reuters auprès de 11 banques et courtiers, qui le donnait à 1,71 milliard. Toutefois, ce résultat brut d'exploitation a été dopé par une plus-value exceptionnelle de 241 millions de dollars issue de changements dans les avantages sociaux des employés de la division canadienne Dofasco.
Ce résultat ressort en hausse de 15% par rapport au trimestre précédent et de 24% en rythme annuel.
Le bénéfice net s'inscrit à 11 millions de dollars, au lieu des 78 millions attendus.
ArcelorMittal est en plein expansion dans le secteur minier, notamment dans le minerai de fer.
"Malgré l'impact des facteurs saisonniers au premier trimestre, notre activité minière reste un secteur de croissance clé et nous nous sommes fixés comme objectif de poursuivre l'augmentation de la production en 2012", précise ArcelorMittal dans un communiqué.
Le groupe a indiqué que sa dette nette s'était creusée de 1,1 milliard de dollars à 23,6 milliards de dollars au cours du premier trimestre, dont 300 millions d'euros sont liés au renchérissement de l'euro, mais qu'elle devrait tomber d'ici la fin juin sous les 22,5 milliards de dollars grâce à une amélioration de la trésorerie, à des réductions de coûts et à la poursuite de cessions d'actifs non stratégiques.
ArcelorMittal a d'ailleurs dit qu'il avait signé un accord en vue de céder sa participation de 23,48% dans Enovos International SA, au profit d'un fonds géré par AXA Private Equity Group, pour un prix d'achat de 330 millions d'euros.
Le groupe d'acier prévoit de dépenser entre 4 milliards et 4,5 milliards de dollars d'investissements en 2012.

Florange : la filière liquide plus que jamais liée à Ulcos

ArcelorMittal ne devrait pas relancer la filière liquide de Florange en 2012. Florange porte tous ses espoirs dans le projet Ulcos qui se fera d’ici 2015 si un haut fourneau redémarre dans un délai raisonnable.
La direction d’ArcelorMittal n’a toujours pas rassuré les syndicats qui avaient manifesté devant le siège du groupe à Luxembourg, mardi, jour de l’assemblée générale des actionnaires.

Les installations de Florange sont arrêtées de manière temporaire. Elles redémarreront quand les conditions du marché le permettront. À ce jour, aucun redressement rapide n’est prévu en Europe. »

DOSSIER

Henri Blaffart, chargé des ressources humaines des plats carbone Europe d’ArcelorMittal, a répété à la délégation intersyndicale lorraine, le 8 mai, jour de l’assemblée générale des actionnaires, l’incontournable message de sa direction, martelé jour après jour pour répondre à l’inquiétude du personnel. La prolongation de l’arrêt des hauts fourneaux au troisième trimestre, annoncée mardi, sera encore d’actualité pour les trois derniers mois de l’année, généralement moins bons en termes de commandes que le premier semestre.
Cette situation temporaire fait craindre le pire, selon les syndicats, à savoir l’abandon pur et simple de la filière liquide chaude lorraine et de ses deux derniers hauts fourneaux. Les syndicats se sont engagés dans un long conflit dont le mérite aura été d’alerter l’opinion et la sphère politique sur les risques de voir s’opérer à Florange un remake de la fin de l’aciérie de Gandrange.

D’ici octobre

Pour autant, à Florange, le directeur du site, Thierry Renaudin, fait front. « Ici, on continue de travailler, à se mettre en situation de redémarrer le haut fourneau. Tant sur le plan technique, des équipements que des ressources humaines en maintenant les compétences disponibles. » De fait, l’enveloppe des deux millions d’euros dédiée à la maintenance est utilisée. Le chômage partiel et la mobilité du personnel également. Plus de 200 des 500 salariés occupés à la filière liquide ont été répartis provisoirement sur d’autres lignes de production, quand ce n’est pas vers d’autres sites industriels, notamment à Dunkerque.
Néanmoins personne n’est dupe. À moins d’un rebond rapide de la demande d’acier, d’un pépin technique dans d’autres usines, la filière liquide est en péril. « Seul Ulcos peut inverser le destin de Florange » lâche Jean-Louis Pierquin, ancien cadre d’Arcelor. Il s’agit du seul démonstrateur industriel du captage stockage de CO 2 programmé sur le haut fourneau lorrain, le P6. « Nous continuons à travailler sur Ulcos, sur le site. Toutes nos équipes sont mobilisées. Et nous sommes toujours dans les clous pour ce qui est du calendrier », affirme Jean-Pierre Birat, l’homme qui pilote Ulcos au sein d’ArcelorMittal Research. Il veut déconnecter ce projet du redémarrage du P6. Toutefois, difficile d’imaginer que Florange puisse tenir jusqu’au lancement, à l’horizon 2014, des travaux de configuration du P6 en mode Ulcos, y compris sa préalable réfection. « On ne peut pas laisser une aussi longue transition, surtout sur le plan social », estime Gwenael Ledily, qui suit la sidérurgie chez Secafi. Ce dernier regrette l’absence de véritable stratégie industrielle à long terme du géant de l’acier, qui ne pèse pourtant que 6 % de la production mondiale. « C’est un problème de gouvernance. Le groupe n’est soucieux que du court terme, de faire du cash ! », oubliant au passage « d’investir dans des unités comme Florange pour développer des aciers techniques très demandés sur des marchés de niches. » L’Europe doit donner son aval à Ulcos d’ici octobre. Une innovation mondiale qui sauverait la filière liquide lorraine et donnerait à ArcelorMittal une avance technologique unique. Sans compter la notoriété à laquelle Lakshmi Mittal n’est pas insensible. Ne vient-il pas de mettre plus de 30 M€ dans cette fameuse tour de Londres, figure symbole des prochains Jeux olympiques ?

mercredi 9 mai 2012

ArcelorMittal: prise de rdv avec Hollande

Les ouvriers de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle), réunis aujourd'hui en intersyndicale, ont contacté François Hollande dans l'espoir d'un entretien et attendent désormais une réponse du nouveau président, ont-ils indiqué à l'AFP.

"Lors de la campagne, il nous avait dit que s'il était élu président, nous aurions un entretien: nous lui avons donc demandé aujourd'hui un rendez-vous", a expliqué à l'AFP Jacques Minet, secrétaire CFDT de l'usine de Florange.

Lors d'une visite aux ouvriers métallurgistes le 27 février, M. Hollande s'était engagé à présenter une loi qui obligerait un industriel se désengageant d'une usine française à la céder à un repreneur, une proposition bien accueillie par les salariés de l'usine.

Le nouveau président de la République avait également affiché son soutien au projet pilote de captage-stockage de CO2, dit "Ulcos", conditionné à un accord de l'Union européenne qui pourrait intervenir l'été prochain.

Les ouvriers d'ArcelorMittal ont en outre rencontré leur direction mercredi après-midi et ont obtenu le départ d'un service externalisé de personnels de sécurité mis en place aux abords de l'usine depuis deux mois.

"Dès le début du conflit, une quarantaine de +gros bras+ d'une société extérieure ont été mis en place pour protéger les bureaux. La direction s'est engagée à s'en séparer d'ici la fin de la semaine", a indiqué M. Minet.

Vendredi, de brèves échauffourées avaient opposé quelque 200 ouvriers et des gardes de sécurité dans les locaux administratifs, faisant deux blessés parmi les métallurgistes.

Les heurts s'étaient produits lorsque les métallos avaient fait irruption dans une salle des "grands bureaux" où se tenait un comité d'entreprise extraordinaire.

mardi 8 mai 2012

ArcelorMittal repousse à l'été toute décision sur la relance de Florange


Assemblée générale d'ArcelorMittal à Luxembourg, le 8 mai 2012
ArcelorMittal a repoussé mardi à l'été toute décision sur la relance des hauts-fourneaux de Florange (Moselle), suspendue à "l'environnement économique", un discours qui a suscité la déception des syndicats inquiets pour l'avenir du site lorrain.
Le numéro un mondial de la sidérurgie, basé à Luxembourg, a fait valoir lors de son assemblée générale qu'il avait pour l'heure "assez de capacités" de production pour répondre à la demande d'acier "sans utiliser Florange".
"En fonction de l'environnement économique, nous déciderons de rouvrir Florange", a déclaré son PDG Lakshmi Mittal devant les actionnaires.
"Certains croient que nous ne le ferons pas, mais nous investissons 17 millions d'euros sur Florange", a-t-il souligné pour tenter de rassurer sur les intentions du groupe.
"Nous prendrons une décision pendant l'été", a indiqué son fils et directeur financier, Aditya Mittal.
Affirmant que la demande en acier est insuffisante pour faire tourner toutes ses usines, ArcelorMittal a mis en veille depuis des mois plusieurs hauts fourneaux européens, dont ceux de Florange, et décidé de la fermeture définitive de deux autres à Liège, en Belgique.
En début d'année, le groupe avait dit qu'il réévaluerait la situation en Lorraine dans la deuxième quinzaine de mai.
Manifestation de salariés du site de Florange devant le siège d'ArcelorMittal à Luxembourg, le 8 mai 2012
Une centaine de métallurgistes, essentiellement venus de Florange, ont bruyamment manifesté mardi devant le siège d'ArcelorMittal. Une délégation syndicale a été reçue pendant l'assemblée générale par Henri Blaffart, vice-président pour les aciers plats en Europe, et Willie Smit, le directeur des ressources humaines.
"Les installations de Florange qui sont temporairement à l'arrêt redémarreront dès que les conditions de marché le permettront", a affirmé M. Blaffart dans une déclaration écrite à l'issue de la rencontre.
"Nous savons tous que l'Europe connaît aujourd'hui une période de récession et qu'aucun redressement rapide n'est prévu à ce jour", a-t-il ajouté, assurant "veiller sur la situation de chacun des 500 salariés impactés".
Mais ce discours et les propos tenus devant les actionnaires n'ont en rien rassuré les représentants du personnel, qui ont évoqué un "dialogue de sourds".
"C'est la réponse que l'on nous fait depuis des mois alors que nous espérions avoir quelque chose de plus concret", a expliqué Jacques Minet, secrétaire CFDT de Florange. "Clairement, il n'y a pas de volonté de faire redémarrer", a-t-il accusé, "déçu par la langue de bois" du groupe.
Le responsable de la CGT, Jean Mangin, a pour sa part dénoncé un "mépris" de Lakshmi Mittal, qui "n'a pas l'honnêteté de venir nous voir (...) alors qu'il prône le dialogue social".
ArcelorMittal "cherche la rentabilité à très court terme au détriment de l'aspect humain", a-t-il ajouté, accusant le groupe "d'orchestrer une fermeture définitive" de Florange.
Un bâtiment du site d'ArcelorMittal à Florange, le 9 mars 2012
Malgré les difficultés actuelles, Lakshmi Mittal a affirmé pour sa part, devant les actionnaires, que l'Europe demeurait très importante pour son groupe. "Nous allons continuer à investir et à maintenir nos actifs existants, à l'exception de ceux que nous jugeons non-stratégiques", a-t-il déclaré.
Le groupe a légèrement revu à la baisse sa prévision de croissance de la consommation apparente d'acier dans le monde pour 2012, tablant désormais sur une hausse de 4% à 4,5%, alors qu'il tablait en février sur une hausse de 4,5% à 5%.
Le patron d'ArcelorMittal a par ailleurs défendu devant les actionnaires sa stratégie d'accroître son activité minière, estimant qu'il n'y avait plus d'opportunité de croître dans l'industrie sidérurgique.
"Nous allons continuer à investir dans les mines et maintenir nos actifs sidérurgiques", a déclaré Lakshmi Mittal, assurant que le groupe ne perdait pas pour autant de parts de marché dans l'acier ni en Europe ni aux Etats-Unis.