vendredi 2 mars 2012

Florange : les ArcelorMittal maintiennent la pression

Publié le 02/03/2012 | 14:27 , mis à jour le 02/03/2012 | 19:32



Les métallos ont bloqué, durant quelques heures, la voie ferrée.
(PATRICK HERTZOG / AFP)


C'est leur cinquième action "coup de poing" en moins de deux semaines. Les syndicats d'ArcelorMittal ont maintenu la pression sur leur direction en bloquant, vendredi 2 mars, à Ebange (Moselle), la ligne ferroviaire France-Luxembourg. C'est par cette voie que passent tous les convois approvisionnant en acier l'usine de Florange.

Au même moment, les dirigeants du groupe sidérurgique ont annoncé au comité d'entreprise un début "rapide" de la maintenance de l'un des hauts-fourneaux de Florange, mais sans garantir son redémarrage.

Quelles sont les revendications des salariés ?

Les métallos ont occupé pendant près de deux heures les voies ferrées, perturbant la circulation des trains, y compris des TGV, avant d'être délogés par la gendarmerie mobile. Une cinquantaine de militants CFDT et CGT étaient à la manœuvre. FO et la CGC/CFE n'ont pas pris part à ce blocage.



"L'objectif est de perturber la production pendant au moins 24 heures", explique un syndicaliste. "Lorsqu'un rat est piégé, il vous saute à la gorge", argumente le leader de la CFDT, Edouard Martin.

Les salariés demandent le redémarrage des hauts-fourneaux de Florange, en sommeil depuis plusieurs mois. Ils occupent une partie du site depuis le 20 février. "Notre problème, nos revendications, restent toujours les mêmes : pérennisation, redémarrage des hauts-fourneaux et investissements dès maintenant", résume Edouard Martin, l'un des responsables de la CFDT.

Quels sont les engagements de la direction ?

Pendant ce temps, au siège d'ArcelorMittal France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la direction a assuré aux syndicats que les travaux de maintenance de l'un des hauts-fourneaux de Florange débuteraient "très rapidement", mais sans évoquer une reprise de l'activité de la filière chaude du site.

Jeudi, Nicolas Sarkozy avait assuré sur France Inter que le haut-fourneau P6 "repartirait au deuxième semestre", après avoir révélé qu'il avait eu la veille une réunion de travail avec Lakshmi Mittal, le PDG du n°1 mondial de la sidérurgie. Mais ArcelorMittal avait conditionné ce redémarrage à une reprise économique.

Quelles sont les réactions des syndicats ?

Ces propos de la direction visent à "calmer" les métallos, estime Jean-Marc Wecrin de la CFDT. "Mais ça ne nous calme pas. Ils ne nous ont absolument pas parlé de date [de redémarrage pour le P6], poursuit le syndicaliste. On reste sur nos positions."

"Mittal veut nous tuer", renchérit Edouard Martin en affirmant qu'ArcelorMittal aurait refusé cette semaine à Florange des commandes pour son activité packaging (boîtes) "parce qu'ils ne veulent pas justifier le redémarrage de la filière liquide".

Sur les 17 millions d'euros d'investissements annoncés jeudi pour le site, seuls 2, prévus depuis octobre dernier, concernent la filière liquide, qui emploie 500 personnes sur 2 700 à Florange. Les syndicats craignent son abandon pur et simple en Lorraine au profit des sites côtiers, plus rentables, et des pays où les coûts salariaux sont moindres. "Ils se foutent de notre gueule", conclut le responsable Force ouvrière, Walter Broccoli.

FTVi avec agences

Il nous faut produire encore de la fonte en Lorraine !

Soutien des artistes aux Sidérurgistes d'ArcelorMittal de Florange


Un grand merci aux collègues "CFDT de Gandrange"

Communiqué

GUY BEDOS viendra à la rencontre des sidérurgistes du site de Florange

Lundi 12 mars prochain vers 12h30

GUY BEDOS a souvent joué à la demande de Comités d’Entreprises et de Syndicats de la Sidérurgie Lorraine dans les années 1970/80.
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Les Artistes qui nous ont fait part de leur soutien aux Sidérurgistes du site d’ArcelorMittal de Florange

Par ordre d’apparition sur Scène : 
Bernard Lavilliers - Guy Bedos - Guy Carlier - Jean-Michel Ribes - Stéphane Bern -
Edouard Baer - Antoine de Caunes - Sophia Aram - Régis Mailhot - Christophe Alévêque - Audrey Vernon - Albert Meslay - Manuel Pratt - Odile et Michel Massé - Vincent Roca - Heidi Brouzeng - Michel Didym - Bernard Beuvelot -Idir - Didier Porte - François Rollin - Laurent Violet - Trinidad - Zebda
……………………………………………suite au prochain épisode
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Papy fait de la résistance

Ce soir-là, je zappais d’une chaine à l’autre, passant de la cohue accueillant Jean Dujardin à Charles de Gaulle comme un quelconque DSK, à un paquebot devenu galère aux Seychelles, quand je suis soudain tombé sur l’image du mot « Résistance » écrit à la peinture rouge sur le goudron d’une allée d’usine, un peu comme les crétins écrivent le nom de leurs héros dopés sur les routes du tour de France.

Je cessais de zapper, me demandant quel démago avait encore pris ce mot en otage comme Christine Boutin, affirmant « j’entre en résistance » avant de redevenir collabo-sarkoziste.

Sous le mot résistance, en bas de l’écran je vis s’inscrire : ArcelorMittal Florange. Florange !… c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup, car c’est là que je fis mes premiers pas sur scène, mais non, je ne fais pas de la promo, c’est juste pour vous dire l’émotion que provoque en moi ce nom : Florange. Je ne suis pas prêt d’oublier ces gens qui vinrent me voir à la fin du spectacle dans la cafétéria du théâtre de la Passerelle à Florange.

Leur visage avait la noblesse des humbles, avec ces rides qu’ils n’avaient pas le moyen de botoxer, avec cette marque du casque qui a tracé un labour circulaire sur leurs cheveux. La trace du casque c’est le scalp de la classe ouvrière que volent des actionnaires. Un qui ne risque pas d’être marqué par un casque d’ouvrier, c’est Villepin que j’ai vu l’autre jour, à la télé visiter une aciérie. Il avait coiffé un casque de chantier, mais comme il avait laqué à mort son brushing pour qu’il reste impeccable, le casque semblait flotter dans l’espace à 20 cm au-dessus de son crâne, on aurait cru le gars des Village people déguisé en ouvrier du bâtiment. D’ailleurs, il parait qu’en le voyant déambuler dans l’aciérie, les ouvriers lui demandaient, ils ne sont pas venus les autres du groupe, l’indien, le flic et le cow-boy ?

Mais revenons à Florange. Je ne vous fais pas du Zola, car ces gens qui venaient me voir à la cafétéria de la Passerelle étaient heureux. Certes, ils vivent dans un environnement aussi triste qu’un dimanche de Toussaint pluvieux chez Alain Juppé mais chaque week-end, ils venaient dans ce théâtre. Ils me racontèrent Annie Girardot, Jacques Higelin ou Guy Bedos et ils disaient à quel point le lundi matin, à l’heure de l’embauche, dans les fumées des hauts fourneaux, le souvenir des vannes de Bedos les aidait à coiffer leur casque à la con.

Mais aujourd’hui, Monsieur Mittal a d’autres projets, et il n’y a plus de lundi matin dans les fumées des hauts fourneaux. Ça signifie que bientôt, il n’y aura plus de théâtre, car comme pour les rides, les dents et les cheveux, les gens de Florange n’auront plus les moyens de s’offrir des soins intellectuels. Ces gens qui avaient la dignité de travailler vont se retrouver sans emploi. Ces gens qui avaient la dignité de se cultiver et de se divertir vont se résigner à regarder TF1 en mangeant des chips de chez Leader Price.

J’ai reçu un appel au secours de la Passerelle. Car les salariés d’ArcelorMittal après avoir vu tant de comiques politiques leur faire un numéro de clowns ont besoin aujourd’hui du soutien d’humoristes professionnels. On me dit que tous ceux qui ont été sollicités ont répondu présent, oh bien sûr, vous avez parmi eux quelques rares Tartuffes qui se sont contentés d’un vague sms de soutien dont ils feront grande publicité sur twitter pour remplir leurs salles, mais vous avez les autres, et puis surtout vous avez Bedos !

Guy Bedos qui viendra à plus de 75 piges, rencontrer les ouvriers d’ArcelorMittal (lundi 12 mars prochain). Cet homme-là a joué, il n’y a pas si longtemps, une pièce de Brecht qui s’appelle la résistible ascension d’Arturo Ui.

C’était une parabole sur la montée des fascismes, quels qu’ils soient. Bedos va venir à Florange, parce que la mondialisation est la nouvelle forme que prend la bête immonde. Parce qu’il ne veut pas qu’à Florange on puisse dire : quand j’entends le mot culture, je ferme les hautsfourneaux.

Alors, gens de Florange, syndicalistes, ouvriers, employés ou intellectuels (ce n’est pas un gros mot, sauf pour Olivier Py), accueillez Guy Bedos comme il se doit.

J’imagine qu’il n’aimera pas le titre de cette chronique qui est j’en conviens, une facilité. Car cet homme n’est pas un papy. Dans son spectacle, il raconte qu’il a pris conscience avec angoisse qu’il pourrait être le père de Christine Lagarde. Avec cette simple phrase, on comprend qui est le papy et qui est la mamie. Bedos n’est pas un papy. C’est un héros. Un héros de la classe ouvrière. 

Guy Carlier 

P.S. : Comme j’essaie de ne pas faire partie des rares Tartuffes dont je parle plus haut, je m’engage, et c’est la moindre des politesses, à envoyer le montant de la pige de cette chronique aux syndicats d’Arcelor, qui j’en suis sûr, feront le meilleur usage de cette modeste obole.

Chronique à paraitre lundi prochain dans « Télé 2 semaines »

Le combat des ArcelorMittal pour sauver Florange -2-



Le midi, c'est sandwich pain saucisse pour tout le monde. Le candidat socialiste François Hollande, quand il s'est rendu à Florange vendredi 24 février, a d'ailleurs partagé une saucisse avec les métallos.

Le combat des ArcelorMittal pour sauver Florange -1-



"La plaque a peut être disparu, mais dans la mémoire des gens, c'est resté", confie Serge, 50 ans, qui travaille à l'usine ArcelorMittal de Florange depuis dix ans. "Sarkozy, il a quand même tué Gandrange, on a pas oublié, on est pas amnésiques", renchérit son collègue Vincent, 31 années d'usine (ici sur la photo). Il nous confie avoir peur de perdre son emploi. Et à 50 ans, il s'estime "trop vieux pour être reclassé ou formé et trop jeune pour être à la retraite". Au chômage partiel depuis six mois, il a vu son salaire net diminuer de 150 euros par mois sur un brut de 1800 euros.

jeudi 1 mars 2012

ArcelorMittal: Malgré l'annonce de Sarkozy, le site de Florange est loin d'être sauvé

INDUSTRIE - Contrairement à l'annonce faite jeudi matin par Nicolas Sarkozy, le redémarrage du deuxième haut-fourneau du site n’est pas garanti par le plan d'investissement d’ArcelorMittal...







Un sauvetage plus électoral qu’industriel? Interviewé sur France Inter, le président de la République a promis jeudi un redémarrage dans la seconde moitié de 2012. Mais cette annonce laisse les salariés sceptiques. Explications.
Qu’a annoncé le chef de l’Etat?
«J'ai eu hier(mercredi) une longue réunion de travail avec Lakshmi Mittal [le PDG du groupe, ndlr]. [...] A la demande de l'Etat français, ArcelorMittal va investir maintenant 17 millions d'euros à Florange [...] et le deuxième haut-fourneau repartira au deuxième semestre», a déclaré jeudi matin Nicolas Sarkozy.
Concrètement l’enveloppe comprend deux millions d’euros destinés à moderniserle second haut-fourneau P6, spécialisé dans la fabrication d'acier à très haute valeur ajoutée et à l’arrêt depuis le 3 octobre dernier. Par ailleurs, 15 millions d’euros sont destinés à développer d’autres activités: «7 millions d'euros vont être investis dans un nouveau gazomètre pour la cockerie à Florange et 8 millions d'euros seront investis afin de développer de nouveaux produits à Florange, destinés, sans rentrer dans les détails, au marché de l'automobile», a précisé le chef de l'Etat.
«Je vous rappelle que Florange, c'est 2.667 salariés dont 500 en situation de perdre leur emploi si le haut fourneau ne repart pas. Ce sont des décisions concrètes, comme pour Petroplus, comme pour PhotoWatt, comme pour Lejaby (...) comme pour Alstom», a fait valoir le candidat UMP à la présidentielle. Une référence explicite à ses précédentes interventions. «Ça, c'est du concret, il faut se battre pour obtenir ça», a-t-il ajouté. Un argumentaire de campagne bien rôdé mais qui ne correspond pas à la réalité.
Ces investissements sont-ils vraiment nouveaux?
Le chef de l’Etat met ces annonces à son crédit, mais ces investissements étaient déjà prévus par ArcelorMittal.
«Les 7 millions d’euros débloqués pour le gazomètre de la cockerie, c’était inéluctable, il fallait le faire et c’était déjà budgété et prévu par ArcelorMittal», explique Jean-Marc Vécrin, délégué syndical central CFDT à Florange.
Même chose pour les deux millions de travaux sur le haut-fourneau:  «en contrepartie de la demande de chômage partiel, la préfecture a demandé début janvier 4 millions d’investissements pour les hauts fourneaux sur le premier trimestre: 2 millions ont déjà été utilisés et les deux autres millions viennent d’être annoncés aujourd’hui par ArcelorMittal», explique Jean-Marc Vécrin. Rien de nouveau donc.
Ces investissements vont-ils assurer le redémarrage du site?
Le chef de l’Etat a assuré jeudi matin que le haut-fourneau redémarrerait «au second semestre 2012». Une certitude qui n’est pas partagée par le groupe ArcelorMittal et par les élus syndicaux.

Nicolas Sarkozy par franceinter
Sur les 17 millions d’investissements annoncés, 8 millions concernent la cockerie et 7 millions portent sur le développement des produits nouveaux sur les lignes de finition (nouvelles nuances d’acier, décapage…) ; des secteurs qui ne concernent pas les trois activités de la filière liquide (haut fourneau, aciérie et agglomération) qui sont actuellement à l’arrêt avec 500 salariés sur le carreau. Au final seuls deux millions seront donc directement consacrés à relancer l’activité menacée de fermeture définitive. «Ces investissements sont une bonne nouvelle mais rien ne prouve que la filière liquide va redémarrer. Au contraire, ça renforce notre peur qu’elle ne reparte pas», résume Jean-Marc Vécrin.
D’autant que le groupe sidérurgiste est beaucoup plus prudent de Nicolas Sarkozy. Dans un communiqué publié jeudi dans la matinée, ArcelorMittal se contente seulement de confirmer l’objectif en le conditionnant à la reprise de la demande d’acier et donc au redressement de l’activité économique : «Deux millions d’euros supplémentaires vont être alloués immédiatement à des travaux de maintenance afin de permettre un redémarrage de la phase liquide de Florange au second semestre dans la perspective d’une reprise économique», peut-on lire.

mercredi 29 février 2012

ArcelorMittal : salaires en baisse de 14 % dans la Meuse

ArcelorMittal : salaires en baisse de 14 % dans la Meuse
Par Pascal Ambrosi (Champagne-Ardennes) - Publié le 29 février 2012 à 11h 27
Lorraine, Métallurgie - Sidérurgie, Social ArcelorMittal



L'usine ArcelorMittal de Contrisson dans la Meuse est bloquée par un mouvement de grève. Les salariés contestent la suppression d'une prime.
Tandis que l’occupation du site de Florange (Moselle) où les hauts-fourneaux sont maintenus à l’arrêt par le groupe, une autre usine d’ArcelorMittal est paralysée par un conflit social.
Depuis le début de la semaine l’usine de Contrisson dans la Meuse, spécialisée dans la production de tôle pour la construction, qui emploie 300 salariés, est bloquée par les grévistes. A l’origine du mouvement la volonté de la direction de supprimer une prime, représentant environ 14 % du salaire des ouvriers.
UN DIALOGUE SOCIAL DIFFICILE
L’argument du groupe pour justifier sa décision repose sur le fait que cette prime avait été instaurée pour compenser le fait que les salariés, postés en 5X8, étaient appelés à travailler certains week-ends, ce qui n’est plus le cas actuellement.
Pour les salariés cette prime est une composante du salaire depuis 1997. Le dialogue social est donc difficile. Au delà de ce contentieux factuel, c’est l’inquiétude quant à la pérennité du site qui est la cause du mouvement. "Quand il a racheté nos activités, Mittal ne s’est pas caché vouloir fermer les usines continentales, et il le fait à petit feu", rappelle un syndicaliste CGT.
La division "construction" du groupe emploie environ 1 000 salariés en France dont le deux tiers en Meuse répartis sur trois sites.