jeudi 10 mai 2012

Florange : la filière liquide plus que jamais liée à Ulcos

ArcelorMittal ne devrait pas relancer la filière liquide de Florange en 2012. Florange porte tous ses espoirs dans le projet Ulcos qui se fera d’ici 2015 si un haut fourneau redémarre dans un délai raisonnable.
La direction d’ArcelorMittal n’a toujours pas rassuré les syndicats qui avaient manifesté devant le siège du groupe à Luxembourg, mardi, jour de l’assemblée générale des actionnaires.

Les installations de Florange sont arrêtées de manière temporaire. Elles redémarreront quand les conditions du marché le permettront. À ce jour, aucun redressement rapide n’est prévu en Europe. »

DOSSIER

Henri Blaffart, chargé des ressources humaines des plats carbone Europe d’ArcelorMittal, a répété à la délégation intersyndicale lorraine, le 8 mai, jour de l’assemblée générale des actionnaires, l’incontournable message de sa direction, martelé jour après jour pour répondre à l’inquiétude du personnel. La prolongation de l’arrêt des hauts fourneaux au troisième trimestre, annoncée mardi, sera encore d’actualité pour les trois derniers mois de l’année, généralement moins bons en termes de commandes que le premier semestre.
Cette situation temporaire fait craindre le pire, selon les syndicats, à savoir l’abandon pur et simple de la filière liquide chaude lorraine et de ses deux derniers hauts fourneaux. Les syndicats se sont engagés dans un long conflit dont le mérite aura été d’alerter l’opinion et la sphère politique sur les risques de voir s’opérer à Florange un remake de la fin de l’aciérie de Gandrange.

D’ici octobre

Pour autant, à Florange, le directeur du site, Thierry Renaudin, fait front. « Ici, on continue de travailler, à se mettre en situation de redémarrer le haut fourneau. Tant sur le plan technique, des équipements que des ressources humaines en maintenant les compétences disponibles. » De fait, l’enveloppe des deux millions d’euros dédiée à la maintenance est utilisée. Le chômage partiel et la mobilité du personnel également. Plus de 200 des 500 salariés occupés à la filière liquide ont été répartis provisoirement sur d’autres lignes de production, quand ce n’est pas vers d’autres sites industriels, notamment à Dunkerque.
Néanmoins personne n’est dupe. À moins d’un rebond rapide de la demande d’acier, d’un pépin technique dans d’autres usines, la filière liquide est en péril. « Seul Ulcos peut inverser le destin de Florange » lâche Jean-Louis Pierquin, ancien cadre d’Arcelor. Il s’agit du seul démonstrateur industriel du captage stockage de CO 2 programmé sur le haut fourneau lorrain, le P6. « Nous continuons à travailler sur Ulcos, sur le site. Toutes nos équipes sont mobilisées. Et nous sommes toujours dans les clous pour ce qui est du calendrier », affirme Jean-Pierre Birat, l’homme qui pilote Ulcos au sein d’ArcelorMittal Research. Il veut déconnecter ce projet du redémarrage du P6. Toutefois, difficile d’imaginer que Florange puisse tenir jusqu’au lancement, à l’horizon 2014, des travaux de configuration du P6 en mode Ulcos, y compris sa préalable réfection. « On ne peut pas laisser une aussi longue transition, surtout sur le plan social », estime Gwenael Ledily, qui suit la sidérurgie chez Secafi. Ce dernier regrette l’absence de véritable stratégie industrielle à long terme du géant de l’acier, qui ne pèse pourtant que 6 % de la production mondiale. « C’est un problème de gouvernance. Le groupe n’est soucieux que du court terme, de faire du cash ! », oubliant au passage « d’investir dans des unités comme Florange pour développer des aciers techniques très demandés sur des marchés de niches. » L’Europe doit donner son aval à Ulcos d’ici octobre. Une innovation mondiale qui sauverait la filière liquide lorraine et donnerait à ArcelorMittal une avance technologique unique. Sans compter la notoriété à laquelle Lakshmi Mittal n’est pas insensible. Ne vient-il pas de mettre plus de 30 M€ dans cette fameuse tour de Londres, figure symbole des prochains Jeux olympiques ?

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