mercredi 7 mars 2012

François Chérèque en supporteur convaincu des Arcelor-Mittal de Florange




FLORANGE, ENVOYÉ SPÉCIAL - "Fermer une usine, non pas parce qu'elle ne gagne pas d'argent, mais parce qu'elle n'en gagne pas assez, c'est innacceptable." Venu rendre visite aux salariés en grève de l'aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle), mercredi 7 mars, François Chérèque a tenu un discours pour le moins offensif.
Durant cinq heures, le secrétaire général de la CFDT a harangué ses troupes, assurant se tenir au courant de l'évolution du conflit en permanence et exhortant ses délégués syndicaux à "ne rien lâcher".

"Votre combat est un symbole", a-t-il expliqué à environ 300 personnes réunies à La Passerelle, la salle de spectacles de Florange, devenue ces dernières années un haut-lieu de la contestation des sidérurgistes lorrains. "Mais ce n'est pas un combat d'arrière-garde, votre usine est rentable et ne doit pas fermer".

Surtout, il a assuré qu'il n'y avait pas "l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette" entre lui et les leaders de la CFDT sur place, très en pointe dans le conflit et accusés par la direction de l'entreprise de jouer l'escalade. A plusieurs reprises, il a soutenu Edouard Martin, délégué CFDT au comité d'entreprise européen du groupe et devenu le héraut du mouvement, à l'image de Xavier Mathieu, le porte-parole des "Conti" de Clairoix (Oise) en 2009.

17 MILLIONS D'EUROS D'INVESTISSEMENTS D'ICI À FIN 2012

François Chérèque, d'habitude mesuré, a également eu des mots très durs pour Lakshmi Mittal, le PDG du groupe. "N'oubliez pas que Mittal a dépensé 55 millions d'euros pour le mariage de sa fille, il peut donc très bien dépenser 2 millions pour rénover des installations et fermer l'usine ensuite", a-t-il assuré, en référence à l'engagement pris par ArcelorMittal, jeudi 1er mars, d'investir 17 millions d'euros sur le site d'ici à fin 2012, dont 2 millions pour préparer le redémarrage, au mieux au troisième trimestre, de l'un des deux haut-fourneaux fermés de l'usine.

Détendu, se prêtant de bonne grâce aux photos avec des salariés, le leader de la CFDT a assuré qu'il n'était en rien gêné par la trace laissée en Lorraine par son père. Ancien métallo devenu secrétaire général-adjoint de la CFDT puis ministre de Michel Rocard entre 1988 et 1991, Jacques Chérèque est en effet accusé d'avoir favorisé la fermeture de hauts-fourneaux dans la région au cours des années 80 et 90.

"Mais la situation n'a rien à voir", rappelle François Chérèque, qui est né à Nancy et a longtemps vécu à l'ombre d'une aciérie, à Pompey (Meurthe-et-Moselle). "Le site de Florange est rentable, on y fabrique des aciers techniques très performants... Cette usine a besoin d'investissements pour continuer à être performante, pas qu'on la démantèle".

Depuis le 20 février, un conflit oppose la direction de l'usine ArcelorMittal de Florange à plusieurs centaines de salariés qui réclament le redémarrage de la "filière liquide" du site, c'est-à-dire les deux haut-fourneaux, fermés depuis juillet et octobre 2011, l'aciérie elle-même et "l'agglomération", où sont préparés les mélanges de matières premières destinés aux fourneaux. Au total, plus de 500 salariés sur les 2700 du site sont concernés par ces fermetures, sans compter les sous-traitants, dont le nombre est estimé à plusieurs centaines par les syndicats.

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