lundi 9 avril 2012

Hayange : le berceau de la sidérurgie lorraine

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La ville de Hayange, qui compte actuellement plus de 15 000 habitants, est située au cœur de la vallée industrielle de la Fensch. Fort de son passé sidérurgique lié à l’illustre famille des maîtres de forges De Wendel, Hayange fut longtemps considéré comme le berceau de la sidérurgie lorraine. Avec l’arrivée massive des émigrants italiens, polonais et espagnols, la ville fut le creuset d’un important dynamisme. En pleine expansion, la cité s’est ainsi enrichie de plusieurs quartiers dans les années 1970. Mais au-delà de cette forte empreinte culturelle, Hayange, c’est aussi un patrimoine architectural varié. Le château De Wendel de style romantique germanique, la chapelle De Wendel de style néo-gothique, la maison natale du maréchal Molitor qui abrite aujourd’hui la bibliothèque municipale, ou encore l’église Saint Martin de style renaissance italienne sont autant de curiosités que nous allons découvrir ensemble. Au détour des rues, les fresques en trompe l’œil de l’artiste hayangeois Greg Gawra sont aussi étonnantes que la statue « Notre Dame de Hayange » haute de 7 mètres et érigée en 1903 au sommet de la côté des vignes. Elle offre une vue panoramique insolite de l’ensemble de la vallée de la Fensch. Avant toute chose, dressons un bref aperçu de l’histoire de la ville afin de mieux la comprendre. D’une petite bourgade à la fin du XIXème siècle, Hayange devint rapidement une véritable ville et le centre industriel et commercial de la vallée de la Fensch. Si aujourd’hui Hayange est une ville agréable, fleurie et où il fait bon vivre, il faut savoir que le fer fut exploité ici dès l’époque romaine. Il n’en fallait pas plus pour marquer le destin industriel et économique de la ville. La Lorraine possède en effet d’exceptionnelles ressources naturelles de minerai de fer, dont l’exploitation précoce lui a permis de devenir le premier territoire français concernant la production de métallurgie. Les premières traces écrites de l’existence d’une mine datent du XIIème siècle lorsque Thierry de Hayange concéda l’exploitation de la mine de Hayange à Thibaut, comte de Bar. La première forge de la localité date quant à elle de 1323. Sa création fut rapidement suivie par de nouvelles exploitations. Mais après la terrible Guerre de Trente ans, il ne restait que deux forges à Hayange, la Rodolphe et la Marolles. Il faut attendre 1704 pour voir passer l’exploitation du minerai de fer du stade artisanal à celui de l’industrie sidérurgique avec l’installation de Jean-Martin Wendel à Hayange. Son petit-fils, Ignace de Wendel, expérimenta la première coulée de fonte en utilisant le coke au lieu du charbon de bois. En 1803, François de Wendel racheta l’entreprise familiale. Après un voyage en Ecosse, il introduisit les procédés anglais, à savoir l’affinage de la fonte à la houille, le four à puddler, les machines à vapeur et les laminoirs mécaniques. Ses successeurs, Théodore de Gargan et Charles de Wendel continuèrent à intégrer les dernières innovations techniques, si bien qu’en 1865, la Lorraine arriva en tête de la production de la métallurgie en France. En 1929, Hayange devînt la première aciérie de Lorraine. Ce fut en décembre 1949 que fut créée la SOLLAC (Société Lorraine de Laminage Continu). En 1979, l’entreprise réalisa la première coulée continue à brames dans le monde. Aujourd’hui, les différentes sociétés qui constituent le nouveau visage de l’industrie sidérurgique à Hayange continuent toujours d’innover pour être à la pointe de la technologie et rester compétitives sur le marché mondial. Cette aventure économique, industrielle et sociale laissa de magnifiques témoignages dans la ville, qui possède un patrimoine architectural riche et varié. Autant de témoins de la grandeur passée à retrouver. Notre ballade commence au château Guy De Wendel. Construit en 1906, il est de style romantique germanique. Le parc du domaine totalisait 4,3 hectares. On pouvait y admirer autrefois des fontaines, des bassins, des serres, ainsi qu’un magnifique jardin suspendu. Des arbres aux essences rares y furent de même plantés. L’intérieur du château fut doté de boiseries, de cheminées en marbre et d’une remarquable bibliothèque en chêne massif sculptée. Le château fut habité jusqu’en 1978 par Ségolène de Wendel, dernière représentante de la famille qui avait régnée sur Hayange pendant 274 ans. Le domaine appartient aujourd’hui au patrimoine de la Communauté d’Agglomération du Val de Fensch. Même si une partie du château fut démolie en 2007, trois bâtiments subsistent encore, à savoir celui de l’horloge, la chapelle et le pavillon Robert De Wendel. Mais Hayange possède un autre château, lui aussi « de Wendel ». Ce dernier fut élevé en 1720 après que Jean-Martin Wendel ait acquis les forges délabrées de la « Rodolphe » en 1704. A cette époque, le château comprenait un rez-de-chaussée et deux étages. Le château s’agrandit au rythme de l’empire industriel. Il fut restauré et modifié par Humbert de Wendel (1876-1954). Les bâtiments d’origine ont été en partie démolis en 1935 et reconstruits dans le style du XVIIIème siècle. Poursuivons notre découverte du patrimoine hayangeois avec la présentation de la statue de Notre-Dame de Hayange, véritable symbole et emblème de toute la vallée de la Fensch. Ses travaux commencèrent le 19 mai 1903 et furent achevés à la fin octobre de la même année. En fonte coulée dans les usines locales, elle pèse 6 tonnes et ½ et dresse ses 7 mètres sur un piédestal de granit haut de 14 mètres. Tous les 15 août, Notre-Dame de Hayange devint un lieu de pèlerinage. Même si les bombardements ont épargné la statue, le temps laissa son empreinte de rouille sur l’édifice. Afin de la restaurer, une souscription publique fut lancée. Les dons affluèrent de partout. Même Jean-Paul Belmondo, acteur principal du film l’Héritier, dont les premières images montrent la Vierge de Hayange, participa à la collecte. La restauration intervint finalement en 1982. Un éclairage illumine désormais la statue la nuit. Telle une apparition, elle veille, les bras ouverts sur cette vallée durement touchée par la crise, dont elle reste le symbole et l’espoir. Hayange possède en outre une magnifique église, l’église Saint-Martin, qui fut élevée en 1882. L’ancien édifice qui datait de 1771 était en effet devenu trop étroit. Construite entièrement en pierre de Neufchef, l’église s’inscrit dans le style Renaissance italienne sur le modèle de la Trinité à Paris. Inauguré le 19 février 1895, l’orgue de l’église Saint Martin est quant à lui le plus grand instrument jamais construit par les ateliers Dalstein Haerpfer de Boulay. De style Renaissance, la boiserie est de toute beauté. Sa façade est en hêtre verni, tandis que les deux statues monumentales représentant le roi David et Sainte Cécile sont en fonte et les tuyaux de façade en étain. L’instrument est classé aux monuments historiques depuis le 16 septembre 1993. Avec 53 jeux, 3 claviers comportant chacun 56 notes, 3207 tuyaux, 4000 soufflets de peau de poisson, 1200 mètres de tuyauterie, c’est le plus grand orgue de Moselle. Il possède par ailleurs une acoustique remarquable. Découvrons à présent la chapelle sépulcrale de la famille de Wendel qui fut bénie le 4 mars 1854 et qui est dédiée à Saint Joseph, patron de la bonne mort. Avant la construction de ce sanctuaire, les défunts de la famille étaient inhumés dans l’église paroissiale. Le caveau comprenait 26 fours. La première inhumation, celle de Victor François de Wendel, eut lieu en 1850, et la dernière, celle de Maurice de Wendel, en 1961. Terminons notre ballade dans le bois des chênes, afin d’en percer les secrets et les mystères. Ce dernier renferme un étonnant éperon barré, témoin d’un site fortifié datant de l’âge du fer (-700 à -50 avant J-C.). Pour bâtir cet ouvrage défensif, les constructeurs de l’époque ont avant tout mis à profit le relief naturel. Le plateau constitue en effet l’accès le moins protégé naturellement. C’est pour cette raison qu’il a été renforcé par un rempart précédé d’un fossé, tous deux encore bien marqués dans le paysage. A l’époque de son utilisation, ce rempart fait de bois et de terre présentait un parement en pierres sèches surmonté d’une palissade. Seule une petite entrée permettait l’accès à l’intérieur de l’enceinte. Les fortes pentes qui contrariaient la progression d’éventuels assaillants ont ainsi permis de réduire les défenses des autres faces de l’éperon à un rempart beaucoup moins imposant qui a laissé des traces plus discrètes.

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