mardi 30 octobre 2012

Le russe Severstal intéressé par la reprise des hauts-fourneaux de Florange ...


Le groupe de l'oligarque Alexeï Mordachov, chevalier blanc d'Arcelor lors de l'OPA de Mittal en 2006, a entamé des discussions il y a deux semaines environ. Deux autres candidats sont sur les rangs.


Alexeï Mordachov, le principal actionnaire du sidérurgiste russe Severstal, étudie le rachat des hauts-fourneaux de Florange mis en vente par ArcelorMittal, a-t-on appris de sources concordantes sous couvert d'anonymat. « Mordashov est intéressé. C'est l'un des plus sérieux candidats à la reprise. Les premiers contacts pour les négociations ont commencé », a confié aux « Echos » un responsable à Moscou au fait des investissements russes en France.
Les discussions ont démarré il y a quinze jours et Severstal a déjà envoyé un représentant sur place. « Il est venu la semaine dernière en observation. A mon avis, Severstal est une solution probable », estime-t-on en Lorraine. ArcelorMittal est prêt à donner accès aux informations économiques de Florange. Le sidérurgiste russe « vient pour voir, mais logiquement, il ne peut pas s'interesser qu'aux seuls hauts fourneaux. Il voudra négocier pour obtenir davantage. Donc cela n'est que le commencement », toujours selon la même source.

Un intérêt accueilli avec scepticisme

Il est donc trop tôt pour savoir si la piste russe peut déboucher, d'autant que deux autres candidats seraient sur les rangs. Si tel devait être le cas, l'opération aurait un parfum de revanche pour Alexeï Mordachov après l'échec du mariage avec Arcelor en 2006. Appelé à la rescousse par le sidérurgiste français, Severstal n'avait pas réussi à barrer la route à Mittal. Ce fiasco avait alors suscité la colère de Moscou, la presse et les autorités accusant le géant européen de l'acier de s'être servi de l'oligarque pour mieux négocier avec l'indien. Le ministre de l'Energie de l'époque avait dénoncé la « russophobie » derrière la stratégie d'Arcelor. « Les temps ont changé... Avec la crise, les relents anti-russes se font plus discrets en France », ironise un diplomate à Moscou, rappelant que la baisse de la valeur des actifs industriels français a attisé l'intérêt de ceux qui ont du cash, Russes notamment.
L'intérêt de Severstal est accueilli avec scepticisme à Moscou. « Le site de Florange est bien trop vieux et inefficace pour Severstal qui a déjà compris : c'est beaucoup trop cher de produire de l'acier en Europe », estime Dinur Galikhanov, analyste métallurgie de la banque d'investissements Aton. Le sidérurgiste russe, qui a produit plus de 15 millions de tonnes d'acier brut l'an passé et enregistré 15 milliards de dollars de revenus, dispose déjà d'actifs hors de son pays d'origine. « Priorité a été donnée aux Etats-Unis pour son expansion hors de Russie », poursuit Dinur Galikhanov qui estime à plus de 2 milliards de dollars les réserves de cash de Severstal pour des acquisitions. Le groupe a déjà déboursé 810 millions pour reprendre une usine d'ArcelorMittal dans le Maryland (« Les Echos » du ). Edouard Martin, délégué CFDT à Florange, rappelle que Serverstal s'est désengagé il y a quelques années de sites en Lorraine, mais que les débouchés du site dans l'automobile pourrait l'inciter à revenir.
Contactés, ni ArcelorMittal, ni Severstal n'ont souhaité commenter.
B.QUENELLE, S. WAJBROT ET P. AMBROSI



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