mardi 5 juin 2012

Florange : le gouvernement cherche des pistes pour tenter de pérenniser le site

Une « mission d'expertise indépendante » devra dégager d'ici au 30 juillet des pistes pour tenter d'éviter une fermeture définitive des deux hauts-fourneaux lorrains. Bien qu'aucune solution concrète ne se dessine pour l'instant, les syndicats se sont dit satisfaits de ces premières réponses.

Pérenniser la filière liquide de Florange, alors que la production d'acier française se situe encore 15 % à 20 % en dessous de son niveau d'avant crise. Voilà pour le gouvernement un premier défi d'envergure. Après l'annonce, vendredi, d'une prolongation de l'arrêt des deux hauts-fourneaux lorrains jusqu'à la fin de l'année, laissant craindre une fermeture définitive, les syndicats ont été reçus ce lundi par le président, François Hollande, et le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.
Sans s'engager sur un sauvetage du site, comme l'avait fait Nicolas Sarkozy à Gandrange, ces derniers ont demandé le lancement d'une « mission indépendante » confiée à Pascal Faure, vice-président du Conseil Général de l'Economie, de l'Industrie, de l'Energie et des Technologies. Cette mission« consultera l'ensemble des parties prenantes, notamment l'intersyndicale, les élus, les collectivités territoriales », a -t-il précisé. Avec pour objectif de fournir au gouvernement une analyse précise du marché de l'acier et d'identifier des pistes pour pérenniser l'usine mosellane. Ses conclusions sont attendues au plus tard le 31 juillet. En attendant, l'Elysée a demandé à ArcelorMittal « de ne procéder à aucune annonce sur l'avenir du site et de ses salariés ».
Arnaud Montebourg souhaite en outre se rapprocher de ses homologues européens, notamment dans les pays concernés par les fermetures temporaires, tels que la Belgique, l'Allemagne, « afin de définir à l'égard de la société ArcelorMittal une stratégie commune ».

Plusieurs pistes discutées

Bien qu'aucune solution concrète ne se dessine pour l'instant à l'horizon, les syndicats se sont montrés satisfaits de ces premières réponses. « Il nous paraît logique que le gouvernement se fasse sa propre idée, qui plus est, dans des délais courts », a commenté ce lundi Dominique Gillier, secrétaire général de la CFDT Métallurgie, à l'issue de la réunion. Pour Yves Fabbri (CGT), le rendez-vous a été « valorisant ».« On avance », a-t-il ajouté tout en appelant à « la vigilance car rien n'est acquis ».
Plusieurs pistes ont été discutées, à commencer par Ulcos. Ce projet de captage de CO2, qui attend encore l'aval de la commission européenne pour son financement, doit être mis en oeuvre à Florange. Problème : comment convaincre l'Europe de financer une initiative sur un haut-fourneau à l'arrêt ? La décision de la commission, plusieurs fois reportée, est prévue en novembre. Sur ce point, la CFDT propose de changer la gouvernance du projet Ulcos pour y intégrer toutes les parties prenantes et faire en sorte qu'ArcelorMittal ne soit plus qu'opérateur.
Le projet de loi obligeant un industriel se désengageant d'une usine à la céder, que François Hollande avait annoncé à Florange pendant sa campagne, a lui aussi été évoqué. Mais il ne pourra s'appliquer à l'usine que si ArcelorMittal est prêt à en céder la totalité. Or, pour l'instant, seuls les hauts fourneaux sont à l'arrêt : la partie avale du site continue de tourner et même de recevoir des investissements, ce qui laisse penser que le groupe sidérurgique ne souhaite pas s'en désengager.
Dans tous les cas, les syndicats se rêvent un avenir en dehors d'ArcelorMittal. La CFDT évoque même la possibilité que l'usine devienne un « producteur européen indépendant (...) gouverné selon un « modèle des parties prenantes » différent du modèle à actionnaire, car intégrant des acteurs locaux (collectivité, banques, salariés) ». » Dominique Gillier cite comme exemple Salzgitter, détenu à 26 % par le Land de Basse-Saxe et dont les salariés sont représentés au conseil de surveillance, ou Voestalpine, qui compte des banques locales à son capital. Mais ces configurations résultent plutôt d'un capitalisme rhénan qui associe plus souvent les régions et les salariés aux décisions de l'entreprise.
Plus réaliste, la CFE-CGC demande, elle, une meilleure « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », les accords GPEC étant employés dans les grandes entreprises pour mieux anticiper la mutation des métiers. Les syndicats se rejoignent sur un point : Florange a besoin d'un plan d'investissement pour rénover l'outil de production.

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