jeudi 17 mai 2012

Arcelor : les politiques au pied du mur

Anticipant l’arrivée d’une majorité de gauche à l’Assemblée nationale, l’intersyndicale d’ArcelorMittal réclame l’examen, en urgence, d’un projet de loi contraignant les fermetures de sites industriels.

Une quinzaine de candidats en lice sur les 8 e et 9 e circonscriptions de la Moselle se sont pressés hier sous la tente du village gaulois, dressée devant l’entrée des usines à froid.
Des actes ! Passé la présidentielle, l’intersyndicale d’ArcelorMittal maintient la pression. Suspendues à l’arrêt des hauts fourneaux, les organisations CFDT, CGT, FO invitent les candidats aux législatives à leur donner des gages. Ces derniers sont priés de s’engager sur un texte décrétant l’activité sidérurgique « secteur indispensable et stratégique pour la France et pour l’Europe ». Reste à définir la méthode. « Y compris à travers la loi », mentionne la motion soumise, hier à Florange, à l’approbation des politiques.
« Le futur gouvernement français s’engage à défendre ce secteur industriel en empêchant le groupe Mittal de condamner des outils de production en France. Vous vous engagez aussi à rechercher d’autres solutions européennes afin d’asseoir durablement la production d’acier au sein de l’Europe. La sidérurgie est et doit rester aussi un des fleurons de notre industrie », préconise la copie syndicale.
Une quinzaine de candidats en lice sur les 8 e et 9 e circonscriptions de la Moselle se sont pressés sous la tente du village gaulois, dressée devant l’entrée des usines à froid. La plupart de gauche. À l’exception du MoDem, du Parti Radical ou encore de représentants – copieusement chahutés ! – de Debout la République…
L’intersyndicale prend date. Fidèle à lui-même, Édouard Martin (CFDT) ne s’encombre pas de circonlocutions : « On n’a peut-être pas été suffisamment clairs », prévient-il, « quelles que soient vos divergences, êtes-vous d’accord pour maintenir un front commun, afin d’éviter que Mittal ne nous fasse la peau en juin ? »

« Priorité nationale »

Sur le fond, la plupart des candidats s’engage à signer. Pour faire de la sidérurgie une « priorité nationale. » Et d’user des moyens à la disposition du législateur. Michel Liebgott (PS) relaie la promesse de François Hollande de présenter, d’ici l’été, un texte à l’Assemblée nationale. Sous réserve, bien sûr, d’une majorité de gauche. Un engagement dans la logique de la proposition de loi déjà présentée en fin de législature, sous la forme d’amendement au texte Pétroplus. Amendement retoqué. Il prévoyait, ni plus ni moins, l’expropriation de l’actionnaire majoritaire lors de l’arrêt d’une activité industrielle pérenne. Mais François Hollande veut le relancer. Concrètement, le texte permettra à un mandataire désigné par le tribunal de commerce de chercher un repreneur pour toute entreprise menacée de fermeture et de l’imposer à son propriétaire, si lui-même n’a pas trouvé d’acheteur. Michel Liebgott insiste : « Il s’agit d’un outil contre les excès de la mondialisation. Aujourd’hui, nous ne disposons d’aucune parade, Mittal peut faire ce qu’il veut ». Reste, bien sûr, à ne pas s’attirer les foudres du conseil constitutionnel ou de Bruxelles. Un casse-tête dès lors qu’on touche au droit à la propriété. « Le droit à la propriété ? C’est notre usine », s’indigne Martin. « Elle tourne grâce à nous. Et depuis 1985 on n’a bénéficié d’aucun investissement. C’est la mort de Florange qu’organise Mittal », objecte le cédétiste. Philippe Tarillon (PS) rappelle, lui cet autre engagement de François Hollande : « Défendre le projet Ulcos… Si on a Ulcos, on obtiendra le redémarrage d’au moins un des deux hauts fourneaux. »

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