mardi 20 novembre 2012

Après Florange, ArcelorMittal réduit aussi la voilure à Dunkerque

Contrairement à ses promesses, le groupe ArcelorMittal ne rallumera pas tout de suite un haut-fourneau du site nordiste mis à l'ârrét cet été pour maintenance. | AFP/DOMINIQUE FAGET
Mais où s'arrêtera Lakshmi Mittal ? Cette question, de nombreux sidérurgistes se la posent depuis que le groupe ArcelorMittal a annoncé, lundi 19 novembre, que l'un des quatre hauts-fourneaux de son aciérie de Dunkerque (Nord), mis à l'arrêt en août pour maintenance, ne sera finalement pas rallumé fin novembre, comme prévu initialement.

"Malgré la fermeture de quatre hauts-fourneaux à Liège et à Florange ces derniers mois, la direction nous dit qu'elle est toujours en surcapacité en Europe et qu'elle doit laisser éteint le HF2 de Dunkerque pour une durée indéterminée. Cela n'augure rien de bon pour l'avenir", alerte François Pagano, délégué CFE-CGC chez ArcelorMittal.

L'inquiétude est d'autant plus vive que le sidérurgiste franco-indien a toujours présenté le site de Dunkerque comme le joyau de son empire, celui qu'il fallait préserver, quitte à sacrifier ses autres aciéries continentales. "C'est la plus grande et la plus performante de nos usines en Europe de l'Ouest, avec une capacité de production de 7 millions de tonnes d'acier par an", s'enorgueillissait Didier Cheval, le directeur du site, lors d'une visite à la presse en octobre.

Cette décision pourrait pousser le gouvernement à affermir sa position sur le dossier de Florange. "Ce coup de pied de l'âne est une nouvelle preuve qu'on ne peut pas faire confiance à Mittal, estime un bon connaisseur du groupe, qui a ses entrées à Bercy. Il vous reprend d'une main ce qu'il vous concède de l'autre. C'est ce qu'il avait fait en 2006, lors de son OPA hostile sur Arcelor, ou en 2009 avec la fermeture de Gandrange."

"CONFLIT INÉVITABLE"

Officiellement, Arnaud Montebourg a jusqu'au 1er décembre pour trouver un repreneur aux deux hauts-fourneaux de Florange (Moselle). Sur les 117 groupes sidérurgiques contactés, cinq se seraient montrés intéressés et trois auraient signé une clause de confidentialité pour consulter le mémorandum présentant le site. L'un d'entre eux aurait aussi demandé à avoir accès à la "data room", un site Internet où sont regroupées les données économiques et industrielles de l'aciérie de Florange.

Si son nom n'a pas été confirmé, la société russe Severstal serait au nombre des firmes intéressées et serait l'une des plus motivées. Pascal Faure, l'expert chargé par M. Montebourg de trouver un repreneur, se serait notamment rendu à Moscou pour rencontrer les dirigeants du sidérurgiste.

"Mais ce n'est pas le seul sur lequel mise le gouvernement, assure un proche des négociations. D'autres groupes sont intéressés, dont un Français." Les noms de l'indien Tata Steel, de l'italien Riva, du sud-coréen Posco ou du français Ascométal sont régulièrement cités. Le Crédit agricole aurait par ailleurs été mandaté par Bercy pour accompagner la reprise.

"Mais le conflit est inévitable, estime un syndicaliste. Le périmètre que Mittal accepte de céder est trop petit pour que le projet soit viable et il n'a aucune envie de renforcer un de ses concurrents." Interrogée, la direction d'ArcelorMittal n'a pas souhaité commenter les négociations en cours.

http://www.lemonde.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire