vendredi 16 mars 2012

ArcelorMittal : pourquoi notre lutte n’est pas un combat d’arrière-garde

PAR NICOLAS LAVAIRE, INGÉNIEUR EN DÉVELOPPEMENT ET INDUSTRIALISATION DES NOUVEAUX PRODUITS
Les salariés de l’usine ArcelorMittal (AM) de Florange se battent pour obtenir des réponses quant à l’avenir de leur site industriel qui compte prés de 3000 salariés (beaucoup plus si on compte les entreprises sous-traitantes).
Or, certains commentateurs relayés par les médias nous expliquent en quoi la sidérurgie en Europe est désuète et ne peux de toute façon rester compétitive. C’est bien mal connaître notre site de Florange et l’acier que nous produisons. Depuis une douzaine d’années, je suis salarié du groupe ArcelorMittal et maintenant chargé du développement produit sur le site Lorrain. A ce titre, je souhaite donner ma version sur la réalité de notre industrie. Car nous ne défendons pas seulement des emplois, mais aussi une vision d’un avenir où l’industrie de pointe a toute sa place en France.
La campagne présidentielle désigne l’emploi industriel comme stratégique pour la France pour le maintien de l’emploi et l’équilibre de la balance du commerce extérieur. C’est un réveil un peu tardif de nos politiques mais qui a le mérite d’exister.
Pour commencer, il faut savoir que plus de 70% de notre production est exportée et participe ainsi à l’excédent du commerce extérieur. Notre marché naturel est bien entendu l’Europe du Nord : L’Allemagne, La France, le Bénélux, … mais nous exportons même des bobines d’acier en Chine ! Sur le marché automobile, notre usine est un fournisseur clé des clients les plus prestigieux. On peut citer les allemands BMW, Daimler, le groupe Wolkswagen, Opel qui ne souffrent pas de la baisse des ventes. Le modèle allemand tant vanté pendant cette campagne présidentielle vient s’approvisionner chez nous. Nous sommes une usine « Deutsch Qualité » grâce notamment au savoir faire des salariés, les ouvriers comme les cadres.
On dit cette industrie dépassée et polluante, or notre site joue un rôle majeur dans l’allégement des véhicules nécessaire à la réduction des émissions de CO2.
Notre usine développe une technologie (Usibor) qui permet un gain de 25% en poids sur les pièces de structure. Ce marché croît de 25% par an depuis 2006 et la demande va doubler entre 2012 et 2015 passant ainsi à plus d’un demi million de tonnes … nous sommes loin d’une baisse de la demande, comme on l’entend parfois à tort et à travers.
Par ailleurs, nous sommes la première usine du groupe à fabriquer des pièces de carrosserie plus larges et plus légères, compatibles avec les nouvelles peintures moins polluantes.
Autre exemple de l’avance de nos produits : les aciers servant à fabriquer les emballages alimentaires. Florange est développe de l’acier « fine épaisseur » comme nulle part ailleurs. Ainsi, le métal pour faire la canette de soda à baissé de 10% en épaisseur en 2 ans. C’est autant d’impact CO2 en moins. En ce moment, nous travaillons sur un projet visant à réduire cette épaisseur d’encore de 15% d’ici 2-3 ans.
Pour les emballages alimentaires, nous menons des projets ambitieux qui conduiront à un gain de 30% en poids. Nous leur avons d’ores et déjà fournit du métal de 100 microns d’épaisseur. Une vraie performance industrielle.
« La France doit choisir » écrit Jean Louis Beffa, l’ex patron de Saint Gobain, au sujet de la désindustrialisation qui frappe notre pays. Il l’invite à tendre rapidement vers un modèle « commercial industriel » comme en Allemagne, Corée du Sud, Japon et Chine.
Lorsque l’on sait que notre voisin allemand produit presque trois fois plus d’acier par habitant que nous, cela donne à réfléchir sur notre prétendue désuétude.
Ces quelques exemples doivent interroger le public: emplois, commerce extérieur, environnement, avance technologique, dépendance sur des produits stratégiques … Quand on veut tuer le chien, on dit qu’il a la rage… Pensez-vous encore que nous l’ayons ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire