samedi 17 mars 2012

Josiane Balasko : « Comme si la classe ouvrière n’existait plus »

Josiane Balasko, comédienne, cinéaste, est l’un des 60 artistes à avoir manifesté son soutien aux sidérurgistes lorrains..

Pourquoi avoir apporté votre soutien aux sidérurgistes lorrains ?
Josiane BALASKO : « C’est important, car ce n’est pas si courant qu’un groupe d’artistes soutienne un mouvement ouvrier. C’était tout à fait normal après 68 et puis plus rien. Un peu comme si la classe ouvrière n’existait plus. Important aussi car on peut aider à faire entendre la voix de gens à qui on ne donne pas la parole et quand on sait les conséquences que peuvent avoir des suppressions d’emplois dans une région. »
La mobilisation des artistes sur des sujets de société est-elle à nouveau au goût du jour ?
« J’ai l’impression que d’un seul coup, on a davantage envie de se montrer solidaire de la France qui travaille. C’est vrai qu’avant, les artistes et les intellectuels se retrouvaient plutôt sur de grandes causes… Aujourd’hui, le travail est devenu une grande cause ».
La célébrité, le succès… déconnectent-ils de la réalité ?
« Pas moi (rires), je peux vous assurer que je suis bien connectée avec la réalité de tous les jours. C’est peut-être valable aux États-Unis où les gens vivent dans des bulles. En France, ce n’est pas tout à fait le cas, je vous assure que tous les artistes que je connais sont dans cette réalité. »
L’idée d’une soirée de soutien à Florange fait son chemin. En serez-vous ?
« Moi je ne chante pas… Mais cela n’existait plus, les soirées de soutien aux ouvriers en grève, et Dieu sait qu’il y en a eu des gens qui se sont retrouvés sur le carreau, c’est la première fois que cela arrive depuis longtemps ».
Qu’évoquent pour vous la sidérurgie, l’acier, les usines… ?
« Des métiers très durs. J’ai eu la chance de ne pas avoir à bosser de mes mains, j’en aurais été bien incapable. Je pense que ce sont de beaux métiers mais difficiles. Quand on voit que la sidérurgie est menacée dans des régions comme la Lorraine et le Nord, des régions qui ont déjà tant souffert. »
Quelles sont vos relations au monde ouvrier ?
« J’ai été élevée dans un tout petit bistrot que tenait ma mère, cela devait faire trente mètres carrés et on vendait des plats à emporter pour les ouvriers de Renault avant que les cantines existent. Quand j’étais petite, je voyais les mecs en bleu de chauffe, c’était les ouvriers comme on les imagine dans les films de Marcel Carné. »
Quel message souhaitez vous adresser aux sidérurgistes et à leur famille, actuellement dans le doute ?
« Je suis avec eux dans leur combat et ce n’est pas parce qu’on habite Paris et que l’on est soi-disant dans la lumière, des people entre guillemets, qu’on n’est pas du tout conscients des problèmes de la majorité des Français ».
Parlez-vous politique avec Christian Clavier (ancien de la troupe du Splendid et soutien inconditionnel et ami personnel de Nicolas Sarkozy) ?
« Non. On ne se voit pas souvent et quand on se voit, on en rigole plutôt que d’avoir à se chamailler. On est tous les deux très ancrés, je ne le ferai pas changer d’avis, il ne me fera pas changer d’avis… ».

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